jeudi 30 octobre 2008

Round Up, round down



La bonne nouvelle du jour...

Monsanto : 15 000 euros d'amende

Source : AFP
29/10/2008 | Mise à jour : 15:22 |

Le géant américain de l'agrochimie Monsanto, condamné en première instance pour "publicité mensongère" pour son "Round Up", premier désherbant vendu au monde, devra finalement acquitter une amende de 15.000 euros, a décidé aujourd'hui la cour d'appel de Lyon.

La cour a ainsi confirmé le jugement de première instance et suivi l'avocat général, qui le 1er octobre, avait estimé qu'il n'était pas nécessaire d'augmenter le montant de l'amende infligée le 26 janvier 2007 par le tribunal correctionnel de Lyon à l'encontre de l'ancien président de Monsanto Agriculture France, dont le siège est à Bron (Rhône).
L'ancien dirigeant est condamné pour avoir notamment présenté l'herbicide comme "biodégradable" et laissant "le sol propre".

Le second prévenu, à l'époque président du conseil d'administration de Scotts France, basé à Ecully (Rhône) et qui distribue le Round Up en France, a également vu la confirmation de sa condamnation à 15.000 euros.

Le tribunal correctionnel de Lyon avait été saisi en 2001 à la suite d'un rapport de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et d'une plainte des associations Eau et rivières de Bretagne et Consommation, logement et cadre de vie (CLCV), parties civiles dans ce procès.

Le glyphosate, principale matière active du Round Up, a été classé en 1991 "dangereux pour l'environnement", notamment aquatique, par les autorités européennes, selon Eau et rivières de Bretagne.

mercredi 29 octobre 2008

Le Médoc se la joue durable

Le château Larose Trintaudon, Cru Bourgeois du Haut Médoc, s'est vu décerner il y a quelques semaines le certificat d'évaluation AFAQ 1000 NR en récompense de ses efforts en matière de développement durable.
Ce certificat est le révélateur d'un engagement profond (c'est la première entreprise française à l'obtenir), et les critères d'évaluation sont nombreux, allant de la gestion énergétique à celle des déchets, en passant par la transparence, la formation du personnel, et la diminution des recours à la nécrochimie.
Pour ceux qui s'intéressent un peu aux vignes bordelaises (beaucoup de monde), mais aussi aux considérations environnementales en matière de viticulture (là vous êtes moins nombreux), cette annonce est somme toute une bonne nouvelle.
Ce que je crains en revanche, c'est bien un amalgame entre DD et bio, car là où la "crise de confiance" guette les grands crus bordelais, on devine dans le même temps une volonté de faire face aux critiques (le château Pontet Canet à Pauillac communique désormais sur son passage en biodynamie), et une autre, pour le cas de Larose Trintaudon, pourquoi pas de saisir la balle au bond... moment!
Il est clair que la région viticole de France où les domaines indépendants réunissant fort effectif et grande surface cultivée est bien le Bordelais, surtout la rive gauche. Larose T, c'est 55 salariés et 225 ha de vignes, Pontet Canet 80ha. Les choix pour une culture propre y sont donc plus difficiles à prendre du fait que les actionnaires ne considèrent pas ces options comme des risques que l'on peut rapidement valoriser, en comparaison des avantages que présente la pharmacopée phytosanitaire, bien plus rassurante sans doute aux yeux d'un actionnariat qui chiffre et boit ensuite. A moins que la tendance du moment, clairement en faveur de la préservation des ressources et du patrimoine, les séduise au point de viser le coup marketing pour chaparder des parts de marché aux voisins.
En résumé me voilà mi-figue mi-raisin, même s'il est clair que je salue ce que ce genre de décisions a de prometteur.
En attendant de voir si un jour on finit par interdire de stériliser les sols de ce côté-ci de la Gironde...

jeudi 9 octobre 2008

Bienvenue chez Edvige...

Voilà à quoi pourrait ressembler la commande d'une pizza en 2015, ou les dérives de l'interconnexion des données informatiques :

Standardiste :

- Speed-Pizza, bonjour.

Client :

- Bonjour, je souhaite passer une commande s'il vous plaît.

Standardiste :

- Oui, puis-je avoir votre NIN, Monsieur ?

Client :

- Mon Numéro d'Identification National ? Oui, un instant, voilà, c'est le 6102049998-45-54610.

Standardiste :

- Je me présente je suis Habiba Ben Saïd. Merci Mr Jacques Lavoie. Donc, nous allons actualiser votre fiche, votre adresse est bien le 174 avenue de Villiers à Carcassonne, et votre numéro de téléphone le 04 68 69 69 69. Votre numéro de téléphone professionnel à la Société Durand est le 04 72 25 55 41 et votre numéro de téléphone mobile le 06 06 05 05 01. C'est bien ça, Monsieur Lavoie ?

Client (timidement) :

- oui !!

Standardiste :

- Je vois que vous appelez d'un autre numéro qui correspond au domicile de Mlle Isabelle Denoix, qui est votre assistante technique. Sachant qu'il est 23h30 et que vous êtes en RTT, nous ne pourrons vous livrer au domicile de Mlle Denoix que si vous nous envoyez un XMS à partir de votre portable en précisant le code suivant : AZ25/JkPp+88

Client :

- Bon, je le fais, mais d'où sortez-vous toutes ces informations ?

Standardiste :

- Nous sommes connectés au système croisé, Monsieur Lavoie

Client (Soupir) :

- Ah bon !.... Je voudrais deux de vos pizzas spéciales mexicaines.

Standardiste :

- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, Monsieur Lavoie.

Client :

- Comment ça ???...

Standardiste :

- Votre contrat d'assurance maladie vous interdit un choix aussi dangereux pour votre santé, car selon votre dossier médical, vous souffrez d'hypertension et d'un niveau de cholestérol supérieur aux valeurs contractuelles. D'autre part, Mlle Denoix ayant été médicalement traitée il y a 3 mois pour hémorroïdes, le piment est fortement déconseillé. Si la commande est maintenue la société qui l'assure risque d'appliquer une surprime.

Client :

- Aie ! Qu'est-ce que vous me proposez alors ?...

Standardiste :

- Vous pouvez essayer notre Pizza allégée au yaourt de soja, je suis sûre que vous l'adorerez.

Client :

- Qu'est-ce qui vous fait croire que je vais aimer cette pizza ?

Standardiste :

- Vous avez consulté les "Recettes gourmandes au soja" à la bibliothèque de votre comité d'entreprise la semaine dernière, Monsieur Lavoie et Mlle Denoix a fait, avant hier, une recherche sur le Net, en utilisant le moteur www.moogle.fr
avec comme mots clés soja et alimentation. D'où ma suggestion.

Client :

- Bon d'accord. Donnez-m'en deux, format familial.

Standardiste :

- Vu que vous êtes actuellement traité par Dipronex et que Mlle Denoix prend depuis 2 mois du Ziprovac à la dose de 3 comprimés par jour et que la pizza contient, selon la législation, 150 mg de Phénylseptine par 100 g de pâte, il y a un risque mineur de nausées si vous consommez le modèle familial en moins de 7 minutes. La législation nous interdit donc de vous livrer. En revanche, j'ai le feu vert pour vous livrer immédiatement le modèle mini..

Client :

- Bon, bon, ok, va pour le modèle mini. Je vous donne mon numéro de carte de crédit.

Standardiste :

- Je suis désolée Monsieur, mais je crains que vous ne soyez obligé de payer en liquide. Votre solde de carte de crédit VISA dépasse la limite et vous avez laissé votre carte American Express sur votre lieu de travail. C'est ce qu'indique le Credicard Satellis Tracer.

Client :

- J'irai chercher du liquide au distributeur avant que le livreur n'arrive.

Standardiste :

- Ça ne marchera pas non plus, Monsieur Lavoie, vous avez dépassé votre plafond de retrait hebdomadaire.

Client :

Mais ?... Ce n'est pas vos oignons ! Contentez-vous de m'envoyer les pizzas! J'aurai le liquide. Combien de temps ça va prendre ?

Standardiste :

- Compte-tenu des délais liés aux contrôles de qualité, elles seront chez vous dans environ 45 minutes. Si vous êtes pressé, vous pouvez gagner 10 minutes en venant les chercher, mais transporter des pizzas en scooter est pour le moins acrobatique.

Client :

- Comment diable pouvez-vous savoir que j'ai un scooter ?

Standardiste :

- Votre Peugeot 408 est en réparation au garage de l'Avenir, par contre votre scooter est en bon état puisqu'il a passé le contrôle technique hier et qu'il est actuellement stationné devant le domicile de Mlle Denoix. Par ailleurs j'attire votre attention sur les risques liés à votre taux d'alcoolémie. Vous avez, en effet réglé quatre cocktails Afroblack au Tropical Bar, il y a 45 minutes. En tenant compte de la composition de ce cocktail et de vos caractéristiques morphologiques, ni vous, ni Mlle Denoix n'êtes en état de conduire. Vous risquez donc un retrait de permis immédiat.

Client :

- @#%/$@& ?# !

Standardiste :

- Je vous conseille de rester poli, Monsieur Lavoie. Je vous informe que notre standard est doté d'un système anti-insulte en ligne qui se déclenchera à la deuxième série d'insultes. Je vous informe en outre que le dépôt de plainte est immédiat et automatisé. Or, je vous rappelle que vous avez déjà été condamné en juillet 2009 pour outrage à agent.

Client (sans voix) :

- ....

Standardiste :

- Autre chose, Monsieur Lavoie ?

Client :

- Non, rien. Ah si, n'oubliez pas le Coca gratuit avec les pizzas, conformément à votre pub.

Standardiste :

- Je suis désolée, Monsieur Lavoie, mais notre démarche qualité nous interdit de proposer des sodas gratuits aux personnes en surpoids. Cependant à titre de dédommagement, je peux vous consentir 15 % de remise sur une adhésion flash au contrat Jurishelp, le contrat de protection et
d'assistance juridique de Speed assurance. Ce contrat pourrait vous être utile, car il couvre, en particulier, les frais annexes liés au divorce. Vu que vous êtes marié à Mme Claire Lavoie, née Girard depuis le 15/02/2008 et vu votre présence tardive chez Mlle Denoix, ainsi que l'achat il y a une heure à la pharmacie du Canal d'une boîte de 15 préservatifs et d'un flacon de lubrifiant à usage intime. À titre promotionnel, je vais faire joindre aux pizzas un bon de 5€ de réduction pour vos prochains achats de préservatifs valable chez Speed-Parapharma. Toutefois veuillez éviter les pratiques susceptibles d'irriter les hémorroïdes de Mlle Denoix, pour lesquelles Speed-Parapharma se dégage de toute responsabilité. Bonsoir Monsieur et merci d'avoir fait appel a Speed Pizza.

jeudi 2 octobre 2008

No comment

Début du procès pour détournements présumés au bénéfice de la FNSEA

Par Dorothée MOISAN AFP - Mercredi 1 octobre, 08h04

PARIS (AFP) - L'ancien président de la FNSEA, Luc Guyau, et sept autres responsables syndicaux du monde agricole, comparaissent à partir de mercredi devant la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris pour une affaire présumée de détournements de fonds.

On parle de détournements avoisinant les 15 millions d'euros. Le procès, qui aura lieu les mercredis matin, jeudis et vendredis après-midi, devrait s'achever le 17 octobre et la décision être mise en délibéré.

Luc Guyau comparaîtra aux côtés de Joseph Daul, ex-président de la fédération nationale bovine (FNB) et président des eurodéputés chrétiens-démocrates au Parlement européen, Georges
Dutruc-Rosset, ex-directeur de cabinet du ministre de l'Agriculture Philippe Vasseur (1995-1996), Henri de Benoist, ex-PDG d'Unigrains, ainsi qu'Yves Salmon, Eugène Schaeffer, Pierre Leroy et Georges Malpel, d'anciens responsables proches de la FNSEA.

Malgré l'opposition du parquet, qui avait requis un non-lieu général, le juge financier Henri Pons avait décidé en novembre 2007 de tous les renvoyer devant le tribunal correctionnel, considérant qu'il y avait suffisamment d'éléments contre eux.

Ils sont poursuivis pour des faits d'auteur, de complicité ou de recel d'abus de biens sociaux. La justice les soupçonne d'avoir favorisé le détournement d'une partie du produit des taxes
parafiscales auxquelles sont soumis les agriculteurs pour alimenter les caisses de la FNSEA.

Pour la Confédération paysanne, qui s'est constituée partie civile, "au-delà des individus, ce procès va être celui du financement de la FNSEA et de ses sections spécialisées". En effet,
déplore-t-elle, la FNSEA "considère que tous les actes de production des paysans doivent être taxés à son profit".

L'enquête avait démarré en 2000 à la suite d'une plainte avec constitution de partie civile contre X déposée par l'Organisation des producteurs de grains (OPG).

Les plaignants se fondaient sur un rapport de la Cour des comptes de janvier 1999 qui dénonçait des "dysfonctionnements" entre 1992 et 1997 dans la gestion du produit de la taxe parafiscale
prélevée dans le secteur céréalier.

Cette taxe aurait transité via la société financière Unigrains et l'association Institut technique des céréales et fourrages (ITCF) pour alimenter les caisses de la FNSEA et d'organismes proches. Des détournements vigoureusement contestés par les prévenus.

samedi 20 septembre 2008

Store Wars!

Si vous vous sentez l'âme d'un guerrier-concombre,
Si vous entretenez une haine viscérale pour les patates chimiques,
Si vous avez toujours rêvé de partager l'aventure avec un brocoli braillard et un jambon voltigeur,
Si vous tenez le maître yogourt en haute estime,
Si vous considérez les supermarchés comme des théâtres d'affrontements intergalactiques,
Si vous voyez une mitraillette derrière chaque banane que vous croisez,
Si vous estimez qu'un simple caddie peut se transformer en machine destructrice,
Si vous êtes persuadé qu'un cube de tofu peut recéler des miracles de technologie,
Si à la vue d'une jolie laitue votre sang ne fait qu'un tour,
Alors, vous devriez peut-être cliquer ICI

mercredi 10 septembre 2008

Le Wine Spectator reçoit un coup de secator...


J'en avais déjà brièvement entendu parler il y a quelques semaines, mais le buzz international incroyable que l'affaire provoque ne cesse de me ravir... Le prestigieux magazine et éditeur de guides "des meilleurs amis" le Wine Spectator, l'équivalent yankee (tout aussi partial et dépendant de ses annonceurs) de notre caricaturale Revue du Vin de France (le papier-toilette le plus cher du marché!), vient de se faire épingler par un confrère religieux vinothéiste pourtant du même ordre, le journaliste Robin Goldstein, lui même éditeur du guide à succès The Wine Trials.
Le bonhomme, attaché de longue date à réduire en bouillie le mythe du Grand Cru qui alimente tant de fantasmes (souvent inassouvis par ailleurs), a eu l'idée de mettre en exergue les mécanismes mercantilistes qui se cachent derrière les pléthoriques "sélections" du magazine. Comment? En inventant de toute pièce un restaurant italien pour ensuite le faire concourir aux prestigieux "Awards of Excellence" qu'il décerne chaque année pour distinguer les restaurants mettant le mieux en valeur sur leur carte des flacons de haute volée. Pour ce faire, il a simplement créé ex nihilo un site web destiné à présenter l'établissement (un modeste blog comme le mien, rien de plus), ainsi qu'une ligne téléphonique au bout de laquelle un répondeur précise que le restaurant (l'Osteria l'Intrepido) ouvrira bientôt ses porte à Milan. Il lui a ensuite suffi d'expédier les affaires courantes (participation de 250$, lettre de candidature, copie du menu et de la carte des vins), et d'attendre que le gros poisson morde au petit hameçon.
L'auteur de cette supercherie n'en attendait pas tant, lorsqu'il apprit que non seulement son restaurant imaginaire avait retenu l'attention des journalistes du Wine Spectator, mais qu'en sus il avait remporté la plus haute distinction en raflant au nez et à la barbe de ses "vrais" concurrents le sacrosaint Award of Excellence!
On peut dès lors s'interroger sur l'objectivité de ces grosses machines de l'information, spécialisée ou non, car rien du travail journalistique que chacun est en droit d'attendre de la part d'une revue "professionnelle" n'a été accompli. Aucun message sur le répondeur, aucun e-mail, et encore moins de déplacement pour vérifier l'exactitude des informations transmises (et pourtant on sait ô combien les prétendants à cette distinction sont capables d'embellir sur la toile une réalité locale bien moindre en intégrant à leur carte des vins des références intouchables, s'attirant ainsi la considération des professionnels qui savent à quel point il est difficile de se les procurer). Google (et son concurrent indigène Chowhound), un répondeur, un blog (et 3 heures de travail pas plus dixit Robin Goldstein) auront donc aisément suffi à tromper l'ennemi.
Mais le meilleur ne vient qu'ensuite, même si on peut me prêter l'intention nocive de "tirer sur l'ambulance", car la carte des vins communiquée au WS avait été truffée de vins décriés par le magazine depuis de longues années!
Peu après la remise du prix par Contumace, un message sur le répondeur (que la rigueur de notre détective a même poussé à enregistrer, et restituer au format mp3 sur son blog) ouvre une nouvelle perspective sur l'affaire, puisqu'il a pour objet (outre des félicitations sommaires) de proposer au pseudo restaurateur un espace publicitaire dans les pages du prochain numéro, moyennant la coquette somme de 3000$...
Une offre à ne pas manquer vous vous en doutez bien, mais que notre Sherlock es vino s'est pourtant bien gardé d'accepter.

mardi 9 septembre 2008

WATT IN ACTION


Il y a quelques mois de ça, je m'étais félicité d'avoir eu une idée toute bête consistant à mettre à profit l'énergie dépensée par un groupe de sportifs dans un endroit donné (gymnase, club de sport, ...) afin de la convertir en énergie réutilisable par d'autres, idéalement des gens dans le besoin.
Et que vois-je dans mon Télérama de cette semaine, oui que vois-je?
Qu'une discothèque hollandaise bien nommée ("Watt") exploitant cette même idée ouvrira ses portes dans quelques jours!
D'ailleurs, ne manquez pas la simulation vidéo sur leur site (ici, voir en bas de page), plutôt bien faite, dans une ambiance clairement daftpunkesque où de jolis oiseaux se déhanchent avec frénésie pour la bonne cause.
La technique a certes un peu de chemin à faire pour rendre l'endroit autonome en électricité (des objectifs réalistes visent à auto-alimenter l'établissement à hauteur de 30% une fois le seuil de 2000 danseurs sur la piste, quand même), mais le principe a l'immense mérite d'ouvrir la porte à toute une ribambelle de possibles, tous aussi vertigineux les uns que les autres à une époque ou la "problématique énergétique" est sur toutes les lèvres. Certains iraient même jusqu'à envisager des nanotechnologies directement insérées dans nos vêtements qui pourraient assurer la consommation de nos petits gadgets portatifs préférés.
A la condition sine qua non que l'éthique ne s'en éloigne jamais, moi je considère plutôt ça comme une bonne nouvelle.

mercredi 3 septembre 2008

Nouvelle expression : "Sobre comme une musaraigne" !


Ce n'est pas moi qui le dit mais l'équipe de Franck Wiens de l'université de Bayreuth en Allemagne.
Du simple point de vue de la toxicologie, il s'agit d'une découverte stupéfiante (sic!) puisque le groupe de chercheurs a pu observer dans la forêt malaise (re-sic!) des habitudes alimentaires étonnantes chez ptilocercus lowii (une petit musaraigne anodine à la queue en panache) : chaque nuit, il s'abreuve avec avidité du nectar d'un palmier local qui titre jusqu'à 3,8° d'alcool...
Belle récompense pour celui qui permet à la plante de perdurer en se faisant polliniser.
Le minuscule glouton n'en perd d'ailleurs pas une goutte, s'autorisant même jusqu'à 9 verres par nuit!
Résultat? Eh bien c'est là justement le constat qui intéresse les scientifiques, d'un côté il repart avec 1,4g d'alcool dans le sang, et de l'autre il ne montre aucun signe de la moindre ébriété!
Depuis les quelques 55 millions d'années que le ptilocerque fréquente cet établissement, on peut imaginer que son organisme s'est acoutumé de ce régime alimentaire quelque peu... discutable (le nectar en question est son unique nourriture), au point que ses organes internes ne présentent aucune dégradation apparente.
De quoi donner du biscuit à nos chercheurs, ou une opportunité de business au groupe Pernod Ricard, qui prend les paris?

Source Sciences et Avenir N°739 Septembre 2008

samedi 30 août 2008

Vendredi du Vin #17 : Soif de Pierre et Vin de Jean-Philippe




Hé oui, déjà la 17ème édition des Vendredis du Vin...
Je m'étais juré de faire tout mon possible pour dorénavant ne plus en rater un seul. Une nouvelle fois, quelques énervés du clavier ET du tire-bouchon livreront leur interprétation singulière d'un thème commun.
Pour une fois que j'apprécie de me voir imposé quelque chose...
Ce mois-ci, et pendant que les rafles "aoutent" tranquillement, il est question de caillasse, ou plutôt de vin de cailloux.
Minéralité.
Subtils effets exercés sur un vin par un endroit, ou comment il est parfois permis au sol sur lequel la vigne repose d'apporter sa couleur à la toile, au point même de parfois prendre le dessus sur quoi que ce soit d'autre.
Plutôt que de choisir un flacon, j'ai d'abord cherché quelqu'un.
Le lyrique Jean-Philippe Padié s'est alors imposé à moi.
D'abord comme un jeune vigneron faisant partie de cette nouvelle vague du Roussillon qui cherche la fraicheur dans ce vignoble de Mercure, bichonnant une mosaïque de parcelles toutes en altitude.
Aussi parce qu'il est installé là où le nom du lieu est évocateur de notre sujet mensuel : Calce.

Un endroit des Pyrénées Orientales qui jadis faisait venir les Romains pour la qualité de sa craie, d'où une flagrante étymologie commune avec "calcaire", et qui maintenant brille déjà de quelques étoiles, montantes (Olivier Pithon) ou non (Gérard Gauby, de chez qui Jean-Philippe a été le chef de cave).
Je me suis naturellement mis d'accord sur une cuvée où notre homme a laissé la pierre entonner un refrain guttural, dans une région où les blancs n'ont pas souvent des caractéristiques aussi marquées : Fleur de Cailloux 2004, un pur grenache blanc.

Sur une combe où argile et calcaire dominent et assurent la trame rythmique, schistes noirs, marnes, silice et veines ferreuses jouent les solistes. Une flore tout aussi complexe y trouve son bonheur, comme pour rappeler que le terroir vaut pour tous.
Sur une base pareille, un rien de considération et de respect suffiraient à faire parler le caillou, car il s'exprime déjà avec panache dans ce paysage quasi désertique où la vigne soufre beaucoup.
Dès l'ouverture il faut guetter cette odeur fugace de craie, comme si Jean-Philippe en avait poudré un peu chaque col avant qu'il reçoive son bouchon.
Étonnant, le voyage a déjà commencé et je n'ai pas même entendu relever l'ancre.
Ensuite se déroule un tapis de fleurs anonymes, intense, complexe et vibrant.
En bouche s'exprime cette droiture qui pourrait faire penser à la posture d'un général inspectant ses troupes.
Une ligne franche, un coup de sabre sur la langue.
Juste de quoi tailler le lit d'un torrent impétueux et farouche, portant sur son dos des barges parfumées d'exotisme, des jonques aux arômes entêtants et balsamiques.
Ce même torrent semble couler ainsi jusqu'à la mer tant il persiste à l'intérieur de vous.
On entend souvent l'ancienne garde d'élite vigneronne (Hubert de Montille, Aubert de Villaine) faire l'éloge de la profondeur. Ici il me semble planer au-dessus d'un abyme insondable, et le vertige alors n'a plus rien d'effrayant.
Juste merci au vigneron amoureux de nous rappeler que la justesse du ton n'est pas incompatible avec la sincérité des paroles.

samedi 23 août 2008

La Quête du Vin

Il est parfois des livres dont on ne sort pas indemne.
Comme ce brûlot écrit par Pierre Paillard en 1996, lumineux éclairage sur un chemin de vérité parsemé de non-dits par les (très actifs) lobbies phytosanitaires.
Un état des lieux sans concession, au nom d'une tradition menacée embrassant d'un regard courroucé le paysage d'un réveil français douloureux et soudain.
Une relecture alchimique des forces qui président à la transformation du raisin (matière naturelle) en vin (matière spiritualisée).

L'on y apprend comment l'agriculture biologique a perdu son pari face à l'ogre marchand d'illusions et de poisons, cédant peu à peu du terrain à coups de maladies dégénérescentes de la vigne.
L'on y perçoit une lueur d'espoir à la mention de quelques paysans-vignerons et résistants et à celle des effets chaque jour plus probants de la biodynamie sur l'écosystème qu'ils s'attachent à (re)créer.
Une porte s'ouvre sur l'éventualité de pouvoir désormais mesurer la qualité alimentaire au travers d'un dossier très complet sur les cristallisations sensibles, grâce au travail acharné de quelques scientifiques indépendants (Margaret Aussenac, Marie-Françoise Tesson).
Et même si Pierre pose aujourd'hui sur son œuvre un regard sévère, lui reprochant un discours vengeur excessif et inutile, il n'en demeure pas moins un de mes livres de chevet.
Publié à compte d'auteur, cet ouvrage est désormais assez difficile à trouver.
Par ailleurs, Pierre est également le créateur du défunt Club du Vin Authentique, et n'en est pas moins prolifique sur son site internet, où figurent bien des références diverses pour qui souhaiterait prolonger son temps de lecture.

jeudi 21 août 2008

Les Vendredis de Bacchus ne sont plus

Chers amis, je suis heureux de vous retrouver ici.
Mon ancien gîte, même s'il m'a redu bien des services, ne me satisfait plus.
Donc j'ai changé de crèmerie, et posé mes valises ici pour un temps.
Ici, vous aurez au moins la possibilité de poster vos commentaires sans avoir à vous inscrire où que ce soit. Entre autres choses plus commodes pour vous, comme pour moi.
D'ici peu, vous y trouverez le compte-rendu d'un entretien avec Martine et Jean Donnay de la distillerie Crec'h ar Fur de Pleubian, dans les Côtes d'Armor, une maison discrète qui produit des whiskies merveilleux de finesse et d'intelligence.

Accord et à cri



Ma chère Vanessa, bloggueuse invétérée au service d'une gastronomie ébouriffante, me sollicite parfois pour lui trouver le soulier de vair qui sierrait au mieux à une de ses recettes.
Ici, nous parlons d'un filet mignon de veau à la fleur de coriandre et gruau de blé.
Pour ménager la tendresse (et la tendreté) de cette délicate pépite gustative, je me suis donc mis en quête d'un vin de dentelle, pour ne pas dire de mouchoir.
Parmi ceux-là, il m'a paru approprié de chercher dans les grands cabernets francs de l'appellation Saumur Champigny, avec la cuvée Amatéüs de chez Sébastien Bobinet, et sur le millésime 2006.
Fraîcheur et délicatesse dans un corps longiligne et ferme de danseuse étoile, c'est un bouquet d'iris frais dans une jupe bombée de velours, qui répond à la cantonnade à la (fausse) légèreté du plat.

A signaler : le JT de 13h de JPP, tentant vainement de s'acheter une conduite, a signé un sujet sur le Saumur Champigny le 28 aout dernier. On peut y voir les vignes murées du Clos Cristal (en bio également), ainsi que la cave cathédrale où Sébastien vinifie et élève. Se caler entre 32'40" et 35'50".