jeudi 4 janvier 2018

Cet endroit est une ZONE FRANCHE

Cet article fait suite, après un très long silence, à un réflexion arrivée à maturité : je ne suis plus caviste mais écrire sur le vin demeure une préoccupation majeure. 
Depuis la fermeture de la boutique en juin 2014, j'ai gardé un lien ténu avec la plume, mais rien de visible pour vous pour l'instant. En parcourant avec nostalgie les arcanes de ce blog, j'ai découvert ce billet dont j'ignore les raisons pour lesquelles il est resté dans son emballage, et j'ai décidé malgré son anachronisme et sa péremption de l'éditer tel quel sans un modifier un seul signe. 
Je travaille sur un blog culinaire dans lequel je publierai prochainement mes recettes favorites. 
J'ignore encore si je conserverai ce support ou non, nous verrons bien!
En attendant, bonne lecture.
 
Il y a quelques jours, je reçois un message mystérieux de la part d'une personne anonyme qui m'indique avoir été interpellée par ce blog, et par son contenu. On peut y lire "j'aimerais entrer en contact avec vous pour vous proposer une collaboration qui devrait vous intéresser et qui porterait sur les sujets dont vous parler sur votre blog" (N.B. j'ai pris le soin de conserver la faute d'orthographe).
Il s'agit d'une certaine Sophie, d'une société parisienne répondant au curieux nom de Win-Win (sic!).
Après une brève recherche, je découvre qu'il s'agit d'une agence de com. Donc rien à voir avec un quelconque nouvel ami de monsieur Culbuto (ceux qui ont des enfants en bas-âges comprendront sans doute plus vite).
Comme vous l'avez remarqué, je ne parle finalement que très peu de vin ici (sans d'ailleurs que je me l'explique vraiment, il faudra creuser tout ça plus tard).
Arrivent un second, puis un troisième échange durant lequel elle évoque un domaine viticole du Rhône, travaillant en bio, produisant un vin qu'elle décrit comme "assez particulier en son genre", plusieurs fois primé et dont la qualité est "reconnue par de nombreux professionnels"...

Soit, je prends note, et je demande à en savoir encore davantage, à moitié hameçonné mais aussi gagné par un début d'agacement. L'ayant sans doute vaguement perçu, et parce que je lui fais part de mon étonnement, elle finit par lâcher le morceau et me révéler la nature du marché qu'elle souhaite conclure avec moi:
Je reçois de leur part un échantillon de ce fameux vin, dont je m'engage à commenter la dégustation ici même, en citant tel et tel et tel mot-clé (trois au minimum) et en leur rattachant un lien vers la boutique en ligne du domaine.

Et puis quoi? Et si le vin ne me plaît pas?
Et d'ailleurs, même s'il me plaît?
Autant vous le dire tout-de-go, ici on ne joue pas du Feydeau, le fil à la patte trop peu pour moi.
Ici, mesdames, mesdemoiselles et messieurs, c'est mon espace de liberté, et j'y fais ce que je veux, à la manière qui me semble la meilleure, dans le plus parfait égoïsme.
Ceci n'est pas un "blog sandwich", vous n'y verrez jamais une bannière de publicité, pas même pour la promotion de ma petite entreprise.
Par conséquent, ce n'est pas demain la veille que j'organiserai chez moi ce genre de réunion tupperware.
J'avais lu il y a quelques semaines divers papiers relatant cette nouvelle tendance de la part des agences de communication visant à associer des bloggers à la promotion de certains produits.
Car le blog est devenu semble t-il un vecteur marketing très efficace, il permet de mettre en avant l'air de rien des produits de marques avides de reconnaissance de la part du public.
Un public de consommateurs bien entendu. Bien dressé.
Du genre qui consomme pour être heureux et se donner l'illusion qu'il a la main sur son existence en choisissant telle marque plutôt qu'une autre. Du genre qui s'affirme dans ses choix, si personnels, faits devant les linéaires bombardés de photons d'un grand magasin. Franchisé, formaté, standard. Avec des vendeurs tous habillés pareil, chanceux qu'ils sont lorsque leur livrée imposée n'est pas ridicule, genre rouge et verte par exemple, si vous voyez vers qui mon regard se tourne...
Visiblement donc, place doit être faite à la corruption molle, sinueuse et sournoise.
Alors qu'on se le dise, ici c'est une caverne indépendante.
Dans le vraie vie je ne porte pas de tee-shirts nike, de casquette reebok, de porte-clés renault. Je refuserai donc toujours de servir de support pour la promotion d'une marque. Point final.

Tout bu or not tout bu?


C'est vrai quoi.
Les "foires aux vins" font leur come back retentissant chez les dealers de papier toilette et autres cacahuètes (ogm), petits pois en boîte, dentifrices et chewing gums Hollywood, auprès d'une clientèle dit-on toujours plus nombreuse. Comme dit l'autre, dans "foire aux vins", il y a "foire".
La presse généraliste se gargarise bien sûr copieusement de la vertigineuse liste de ces crus en-foirés (tandis que je ne vous parle même pas de la communauté délabrée des "journalistes du vin", toujours aussi... comment dire... euh... bref, non rien).

Alleluia.

J'imagine que vous (oui, vous là) vous êtes demandé une nouvelle fois quels magnifiques trésors recelaient les nombreux catalogues si gentiment déposés dans votre boîte aux lettres par un jeune retraité (qui soit dit en passant ferait bien volontiers autre chose que ça pour arrondir ses fins de mois), hein?
Évidemment, des prix comme ça, y a qu'la "grande" distribution pour pouvoir se l'permettre.
La "puissance de feu". Forcément...

C'est drôle comme les mondes sont si bien cloisonnés de nos jours. J'ai même vu pas plus tard qu'hier un de mes confrères s'étonner du néant total des rayons livres consacrés au vin nature... à la Fnac.
L'heure est aujourd'hui à la compartimentation (bien étanche surtout hein), et les causes des uns, même si elles sont transposables et universelles, ne sont pas celles des autres.

Et bien moi je vous dis le fond de ma pensée: j'en ai plein de le dos et les bottes, marre. soupé, ma claque et ma dose, par dessus la tête, ras la casquette, le bol et le pompon.

Ça va presque faire 7 ans (didiou, 7 ans!!!) que je fais ce métier.

Commerçant de proximité souvent, caviste aussi pointu que possible de temps à autres, au service tout entier de ma clientèle, corps et âme.
À faire la promotion en premier lieu de la clairvoyance, du libre arbitre et de l'esprit critique. Persuasif parce que persuadé, mais toujours enclin à ne pas méprendre mes visiteurs: quand je n'ai pas ce qu'ils veulent je ne cherche pas à refourguer mordicus ce que j'ai en stock à la place!

Pourtant je le reconnais aujourd'hui, passez-moi l'expression mais j'ai l'impression d'avoir allègrement pissé dans un violon. Cette démarche ne paierait pas, ou plutôt ne paierait plus et plus assez.
Le prix. Oui, le prix. Choix cornélien pour ceux qui ne se sont pas encore décidés entre moi et intermarché, super u et consorts (c'est fait exprès si je n'ai mis aucune majuscule).
Je n'ai pas été assez bon.
Pourtant, il faut l'être, pour proposer des vins de France (ex-vins de table) au même prix (et régulièrement bien plus cher) que des vins d'appellation. Seulement voilà, je n'y peux rien moi. Il se trouve qu'en cherchant bien, c'est un constat sans appel: la typicité qui a donné naissance aux systèmes des appellations, on la retrouve désormais chez les vignerons à la marge.
Et c'est une tendance qui s'amplifie. "Un arbre qui tombe fait beaucoup de bruit, une forêt qui germe ne s'entend pas.", c'est même Gandhi qui l'a dit.
Seulement voilà, la clientèle française, supposée être l'une des plus érudite en la matière, boude le sujet.
Beaucoup de vignerons avec lesquels je discute me confessent la mort dans l'âme que leur salut se trouve à l'étranger. 80% de leurs vins exportés, et il ne s'agit pas de cas isolés.
Constat d'échec pour une grande partie de la filière. La "crise" a t-elle le dos assez large pour cette énième calamité?

Clairvoyance, libre arbitre, esprit critique.

Mais revenons à nos chers bourreaux, qui assènent jour et nuit, inlassablement et dans un marketing effilé comme une lame nippone leurs incitations à consommer. Radio (dernier spot en date perpétré par un célèbre assureur: prémunissez votre enfant contre le racket à l'école!), TV (je suis sevré depuis 4 ans), quatre par trois le long des routes (on en trouve même qui clignotent... à quand les statistiques des mêmes assureurs cités plus haut sur l'attention des conducteurs ainsi détournée?), presse papier, gratuite ou non. Le pire c'est je crois une certaine presse féminine. Une page sur deux.
Et il faut payer pour ça. Sans rire?

Becket a déclaré: "À force d'appeler ça ma vie, je vais finir par y croire. C'est ça, la publicité."

Nous y sommes. Conditionnement, quand tu nous tiens.

Anesthésie générale? Mort clinique du cerveau? Coma collectif?

Contrairement à ce que vous pourriez penser, je ne cracherai pas sur les grandes surfaces, j'y vais régulièrement. Beaucoup plus que je ne le voudrais d'ailleurs. Mais ça c'est un autre sujet, celui de l'argent. Je ne suis pas le seul à manquer, pas le seul que ça frustre.
Plus rares sont peut-être ceux que ça met dans une colère sourde, je vois trop d'échines courbes.
On y trouve de tout. Et aussi, régulièrement, n'importe quoi.
Surtout quand ces messieurs s'improvisent spécialistes. Là, c'est grave.
C'est valable surtout pour les produits nobles, et ça commence d'abord avec le vin.
Des quantités de bouteilles, dont le volume par exploitation doit être suffisamment grand pour pouvoir alimenter au mieux tout le pays d'un jus sans âme, aseptisé, figé comme une momie et pâle reflet de ce qu'il aurait pu être si...
Des prix tirés vers le bas à coups de techniques d'acheteur (il y a même des écoles pour les former, c'est un vrai métier).
Des vignerons qui n'ont d'autre ambition que de jouer la carte du discount pour conserver leurs marchés et leurs "économies d'échelle". Même si ça doit passer par une conduite industrielle du domaine. Des vignes au pas de charge, nourries aux sels (ça leur donne soif), désherbées total (pour éliminer la concurrence de ces satanées "mauvaises herbes" qui elles aussi boivent de l'eau), désinfectées (surtout ne pas laisser faire la nature malheureux!), plastifiées en quelque sorte, qu'on arrache à la trentaine passée parce qu'elles sont épuisées, empoisonnées.

Hé oui, même chez les vignes il y a du turn-over.

Pure "taxidermie viticole" moi je dis.

La même qui pollue les nappes (à ce sujet renseignez-vous donc sur l'exode rural - j'exagère à peine - qui a lieu en ce moment-même en Beauce, surtout dans l'Eure-et-Loire, du fait des pratiques délétères des céréaliers sans foi ni loi qui aspergent sans distinction blés, colzas, passants, voisins, chats de gouttière, musaraignes, gendarmes à six pattes. Points d'eau condamnés, recrudescence de pathologies parfois étranges et souvent infantiles, tranquillité en berne pour les nouveaux venus, souvent des citadins en fuite fatigués de l'air vicié des villes. Las!

La même qui zigouille les haies, les arbres, bref tous les obstacles au tracteur, pourtant si précieux pour abriter les prédateurs de ces "parasites" de la vigne qu'il faudra donc "combattre" chimiquement. Brrr.

La même qui rend les vignerons malades jusqu'à les faire doucement, lentement crever.
Honteuse ou non, cette mort a été provoquée par des produits conçus pour tuer sans réelle distinction. Dommages collatéraux. Même si les procès se multiplient, qu'importe s'ils sont gagnés par les malades, ça na fera jamais grand bruit.

Il y a des vignerons, encore rares malheureusement, qui vous parleront d'adventices plutôt que de mauvaises herbes, qui connaissent presque chaque pied de leurs parcelles personnellement, intimement, qui sont conscients de l'importance capitale de leur diversité, de l'impact considérable de leurs pratiques, qui ne voient aucune limite nette autour d'eux mais au contraire des milliards d'interactions biologiques à en donner le vertige le temps d'un clignement de l’œil.

Une autre question me vient (tant que j'y suis, je profite de votre "temps de cerveau disponible"):
Que pensez-vous de cette révélation toute chaude qui dit que les produits bio ne seraient pas meilleurs pour la santé? (vous avez certainement entendu ça à la radio ces derniers jours)

La bonne blague. Je suis plié.

On compartimente je vous dis, voilà. Tant que ça ne s'introduit pas dans un quelconque orifice de votre anatomie délicate, votre santé n'est pas concernée.
Bien sûr que non. Et votre portefeuille non plus ça se saurait pensez-vous.

La paranoïa me guette. J'entends déjà les chuchotements des conspirateurs. Organiser la crise, voilà le secret. Ces moments sont toujours propices aux manœuvres des plus forts pour resserrer leur étreintes sur les plus faibles. Naomi Klein a dressé un portrait très précis des techniques employées.

Pour rester dans la citation, et aussi revenir au sujet de départ de ce billet, je me réjouis de la grande spontanéité autant que de l'esprit de synthèse d'un autre de mes confrères qui déclarait sur internet: "Merci à tous les grands pros du vin pour conseiller avec une très grande objectivité les vins des Foires 
aux Vins de nos fières enseignes, grands spécialistes comme chacun sait de la qualité sans concession.
Merci à eux de guider, donner des notes, conseiller, mettre en garde .... et ne pensez surtout pas au gré d'un de leurs articles qu'ils puissent être d'une quelconque connivence avec qui que ce soit, vous auriez vraiment l'esprit mal placé."
Tu sais quoi Marco? Tu m'enlèves littéralement les mots de la bouche.

vendredi 5 juillet 2013

Yargla!


Cri rageur, pulsion irrépressible et séminale, ce yargla-là est un aboiement primitif du coeur (un clin d'oeil appuyé à monsieur Gotlieb aussi). C'est officiel, il y aura un été en 2012, et ça commence aujourd'hui!

Il apporte avec lui son lot de friandises alternatives sélectionnées par votre dévoué caviste. Comme vous pourrez le constater par vous-mêmes mesdemoiselles-mesdames-messieurs dans les lignes qui suivent, sa générosité n'a semble t-il aucune limite:

D'Occitanie nous provient la cuvée les Branquignols 2012 du domaine de la Femme allongée en Saint Chinian (n'y voyez rien de salace, ce curieux nom puisant son origine d'une vieille légende racontant qu'au terme de sa vie la fille d'un titan se prénommant Cébenna s'étira de tout son long sur le sol et se pétrifia, ainsi naquit dit-on le massif des Cévennes, CQFD). Il s'agit d'un assemblage un rien taquin de mourvèdre, grenache, carignan et syrah, exhausteur de plaisirs grillés, exterminateur pugnace de morosité et grand manitou de la merguez à point. Attention de bien sortir la merguez de compétition, celle qui tient tête aux braises les plus infernales en conservant fièrement sa taille initiale, réalisée avec amour par un charcutier assermenté, car seule celle-ci saura croiser le fer avec ces jeunes et fougueux branquignols! (boutade à l'attention des 3 fils qui gèrent désormais le domaine)
Du sud ouest nous arrive un nouveau cahors travaillé sur la dentelle (et donc relativement loin des habituels pachydermes tanniques et trapus fréquents dans cette appellation), le Chambert Gourmand 2008 du château éponyme. Bio-très-dynamique, il domptera avec compétence et précision la côte juteuse d'un boeuf retors ou ces brochettes d'agneau à l'indienne qui ne cessent de vous lancer de coquines œillades depuis qu'il fait beau.
Après ces deux brèves mais essentielles escapades en terres méridionales dans le sens large du terme, il est parfois bon de revenir aux fondamentaux géographiques et notamment vers ces vignobles que nous avons le bonheur d'avoir si près de nous.
La douceur angevine d'abord, ici représentée par un rosé moëlleux au puissant pouvoir fédérateur aussi joliment que simplement nommé La Rose (du domaine FL), dont il serait largement trompeur de penser qu'il ne saurait satisfaire que le beau sexe... Bien au contraire, la mignonne comme le mignon seront ainsi réconciliés à jamais. Ou en tout cas jusqu'à la fin de la bouteille.
Dans son sillage, je vous annonce la résurrection de quelques vieux flacons de chenin sur schistes, félins sveltes et puissants, tels ces Bergères et autres Pépinières dont vous découvrirez les charmes brûlants des années 1999 ou encore 2003. Voire pour les chanceux, une découverte crypto-oenologique en provenance des Bonnes Blanches à rendre baba, égoïstement baptisée par son géniteur TPMG (pour ceux qui n'ont pas encore une parfaite maîtrise du jargon vigneron: Tout Pour Ma G*eule). Une barrique unique dont quelques bouteilles seulement ont franchi l'espace-temps jusqu'à votre échoppe montbazonnaise. Oui oui rien que ça.
À l'est de ces contrées à la géologie torturée, une fois un exceptionnel saut de puce effectué au-dessus de cette douce Touraine que je ne délaisse ici que pour un temps, nous attend le pays des surprises. L'autre Touraine, trop souvent boudée mais si délicieuse, ce Loir et Cher qui m'est cher.
L'antique magicien Michel Augé réalise à Pouillé (domaine des Maisons Brûlées), dans un écrin verdoyant injustement boudé par Google Earth, à un jet de pierre d'un célèbre zoo, de petits miracles liquides. Le Herdeleau 2010, rouge qui pinote et gamayte et qu'une pointe d'Aunis assaisonne, est un vin dense et plein de sève, construit pour durer mais que les tanins poudrés d'aujourd'hui destinent à des plaisirs carnés (je n'ai pas dit charnels, sacripants que vous êtes). Son Vin de Voile 2005, quant à lui, déclame à la face du monde quelques vers oxydatifs dignes de figurer au grand Panthéon du Vin Jaune jurassique. Fort de cet insolite et nouveau visage, ce sauvignon-de-la-vallée-du-Cher (qu'on a bien tort de croire connaître à fond) nous livre un nez surprenant d'eucalyptus frais, une bouche saline aux saveurs caramélisées sur une longueur que la distance Terre-Lune ferait passer pour une balade dominicale. Avis aux amateurs de noble oxydation, vous avez là un "candidat" qui s'est lentement patiné dans le bois durant presque 7 ans...
Le 41 ne s'arrête pas là, il a de la ressource même.
Au domaine de Bellevue, à Noyers sur Cher, on trouve parfois d'autres pépites que les lumineux galets de silex dans les profondeurs du sous-sol. Ici le sable est roi, la partition est complémentaire avec celle de Pouillé. D'ici est tiré ce juteux rosé, versant plus simple de la Rose citée plus haut mais boxant malgré tout dans la même catégorie sans en avoir l'ambition. Bouteille prolétaire dans un sens noble, mariage pour tous et multiple de gamay, cabernets, pineau d'Aunis et côt, une rasade de 75cl à tremper dans l'étang en attendant cette grosse carpe dont on rêve depuis l'enfance. Presque un rosé contre les coups de soleil et les fringales, et sûrement un vin pour se faire des amis.
C'est au tour des terres de Cheverny de livrer leur essence dans l'ombre d'un château de marin buveur de whisky (nous y reviendrons). Vous vous rappelez Michel Quenioux (domaine de Veilloux), dont quatre cuvées déjà au printemps ornaient mes étagères. La même engeance que le magicien de Pouillé, le même désir profond de faire sortir d'une terre muette la réalité d'un lieu singulier. Le pendule affûté toujours planqué dans la poche et prêt à servir, cet autre Michel est peut-être aussi sorcier car après tout la Sologne alentour est demeurée mystérieuse. La cuvée Argilo, qui se décline en blanc et en rouge, c'est la bouteille du dimanche, celle de la belle cuisine. Ce sont précisément ces deux-là qui font oublier la marque du stylo plume en illustrant le verbe de l'auteur autant que l'inspiration qui le traverse. Et comme un récit peut captiver, Argilo peut tenir en haleine dès la première gorgée... Je suis sûr que vous avez connu des sorts bien pires que celui-ci.
Dernière étape de ce tour de la parente pauvre de la Touraine, Monthou sur Cher, près de Thésée. 
Olivier Bellanger est un de ces jeunes et insolents talents qui sévissent dans les parages. Le bien-nommé lieu-dit la Piffaudière lui sert de repaire, il y transforme les vendanges de ses parcelles en mosaïque dans la plus pure tradition viticole et je vous le dis tout de go, cet homme est à marquer à la culotte.
Pour ses blancs d'abord, son sauvignon 2012 au nez frais de pêche d'amour, ses contours plantureux bien qu'acidulés s'étirant longuement sur une verveine désaltérante à souhait... Le Clos 2011, réunissant dans la même gangue sauvignon, chenin et le discret menu pineau, avec son nez "qui appelle le fromage de chèvre", sa bouche complexe, minérale, saline et sa finale salivante et longue... Notez, les rouges ne sont pas en reste avec Toucheronde 2011, associant le gamay au fringant pineau d'Aunis à qui il doit son nez de poivre et de fleurs capiteuses, sa texture juteuse et son "joli grain".
Les Dents Rouges 2011 est quant à lui un hommage vibrant au cépage côt si fréquent dans cette zone même si nombreux n'ont pas cette finesse ni cet équilibre, entre fraîcheur et onctuosité, où s'entrelacent des notes légèrement fumées.

Et voilà pour le raisin!

Reste maintenant à vous présenter, en guise de "cerise sur le pudding", la dernière trouvaille en date, un joyeux triptyque écossais distillé sur le thème de la "petite grenouille". 
En effet, Little Frog n'est pas un alcool douteux à base de batracien macéré mais bien une allusion à peine dissimulée à la petite touche frenchie apportée à l'élaboration précautionneuse de ce trio délectable de whiskies 100% pur grain.
Le Little Frog "classique" annonce la couleur au travers de ses notes gourmandes de brioche viennoise et de vieux meubles fraîchement cirés tout droit sortis de chez un antiquaire maniaque. En bouche c'est parfaitement équilibré, des arômes associant miel et menthol assurant à l'ensemble une belle fraîcheur malgré les 43°. 
Le "middle brother" (le cadet si vous préférez) c'est Little Frog "50/50", malt et grain en proportions égales, pour un résultat associant épices (vanille), fruits (poire, noix), fleurs (violette) et notes végétales (foin) finissant harmonieusement sur une pointe de tourbe bienvenue délicatement engoncée dans un corset de velours.
Last but not least, le Little Frog à l'épithète évocateur "Rum Finish" ne cache pas sa double ascendance et rend comme il se doit hommage au rhum qui l'a un temps hébergé dans une de ses barriques (1 an pour être tout à fait exact, en sus des 5 années passées en fût de bourbon). Comme de bien entendu, ça change un peu la donne et pour continuer dans les anglicismes c'est un parfait cross over qui réconciliera les amateurs de l'une (l'orge) et de l'autre (la canne à sucre) au point même qu'il en laissera plus d'un perplexe dès lors qu'il s'agit de précisément savoir ce que c'est. C'est très aromatique (trop diront certains?), mais quiconque s'acoquine des Antilles hérite forcément de son gazouillement aussi coloré qu'expansif. Caramel, beurre frais, biscuits au gingembre, ananas, un pont olfactif entre Dundee et Marie-Galante occupe désormais le terrain des sensations, mais c'est la beauté sauvage des Highlands qui finit par l'emporter dans une bourrade amicale qui "remet [même si c'est délicatement] le facteur sur le vélo".

Conscient d'avoir poussé la description autant que le lecteur dans ses derniers retranchements, et pour célébrer l'ardeur nouvelle d'un soleil décidé à briller pour de bon, quiconque passera par ici demain samedi entendra sauter quelques bouchons.
Plus prosaïquement, voici ce que vous pourrez déguster demain:
Les Branquignols 2012, Chambert Gourmand 2008, La Rose FL 2011, Bergères 1999, Bellevue rosé demi-sec 2012, et la famille Little Frog

Je vous aime bien alors c'est normal que je vous chouchoute.

Laurent, caviste thaumaturge

Le Feu à la Cave
47 rue Nationale
37250 Montbazon
Ouvert du mardi au samedi 10h-12h30 et 15h-19h
Membre fondateur et actif de la secte des 
Cavistes Alternatifs de France
Recommandation (chaude) 2013 du Bottin Gourmand
Coup de coeur de la Revue du Vin de France depuis 2008 (j'avoue, pour celle-là j'ai hésité)

mercredi 17 avril 2013

Le soleil est catalan

Cher(e)s toutes et tous, j'ai une bonne nouvelle pour vous!



Pour le plus grand bonheur de celles et ceux qui ne sont pas parti(e)s folâtrer en vacances, je vous propose de venir goûter ce samedi toute la journée aux vins de Pierre-Nicolas Massotte (Le Clos Massotte, 66 - Trouillas). Cinq vins qui touchent le coeur, plein de vie, de sève, d'entrain, exhalant de doux parfums d'utopie...



Primo il s'agit d'un retour attendu de deux cuvées, toutes les deux sur le magnifique millésime 2007:

Yeleen 2007 (Côtes du Roussillon rouge) est un assemblage de grenache noir et de carignan (40/40) complété d'un peu de syrah. On retrouve les qualités du millésime précédent, encore un cran au-dessus grâce aux superbes jus cette année-là. Fruits noirs confiturés (myrtille), réglisse, encens, eucalyptus... Le tout servi sur une bouche ample, charnue mais toujours soyeuse et finissant longuement sur une pointe d'épices douce et de cacao. La fraîcheur est elle aussi au rendez-vous, démonstration (s'il en est encore besoin de la faire) du travail exemplaire accompli à la vigne comme à la cave, sans le moindre recours à de quelconques artifices inutiles. Cerise sur le pudding: c'est aussi un excellent rapport qualité/prix.

Gaïa 2007 (Côtes du Roussillon rouge) fait intervenir les mêmes cépages (mais sur les vieilles vignes du domaine: 40% de syrah, 30% de grenache noir et 30% de carignan, âgées de 80 à 100 ans) et est élevé sous bois durant 24 mois. Le temps nécessaire pour dompter la puissance et lever doucement le voile sur des arômes plus évolués (griottes macérées, sous-bois) plus un peu de cassis, mûre, chocolat noir. En bouche c'est certes plus opulent que Yeleen (quelles épaules mes amis!), mais c'est sans lourdeur aucune que les tanins viennent enrober le tout dans une finale harmonieuse où tout est délicatement posé à sa place. Un vin très feng shui quoi ;-)

En plus de ce réassort bienvenu, trois nouvelles cuvées complètent le tableau:

Perle et Pépin 2009 (Vin de France rouge), toujours sur la même modalité syrah/grenache/carignan (vignes identiques à celles qui ont enfanté Gaïa) mais dévoilant une facette encore différente des vins précédents. Le vin a longuement fermenté, car il a peiné à "finir ses sucres", pour se stabiliser enfin au terme de 3 années. Trois ans dont il avait besoin pour gagner une patine qui fait toute sa personnalité. Car ici, c'est dans le raisin frais et ultra mûr qu'on croque, un peu sauvagement, à même la vigne, au plus près de la nourrice. Ça sent la rafle, c'est bon, c'est juteux aussi, puis voici que la trame granuleuse et dense échappe soudainement à la gravité, on marche sur la pointe de pieds le long d'un tapis de tanins poudrés parsemés de notes florales. Un vin chamarré, moiré, qui rappelle le Holi des Indiens, la "fête des couleurs" où tout le monde s'éclabousse joyeusement à grands coups de bleu turquoise, de rouge lumineux, de jaune scintillant...

Avec Corail d'automne 2007 (Vin de Pays des Côtes Catalanes blanc), Pierre-Nicolas nous démontre qu'il n'est pas seulement un vinificateur de rouge hors-pair mais qu'il sait tout aussi bien appréhender l'identité forte des blancs secs catalans. Un pur grenache blanc issus de vignes de 80 ans élevé 2 ans en barrique sans ouillage (entendez par là sans refaire les niveaux, puisque le vin ça s'évapore aussi...). On pourrait s'attendre à une oxydation marquée prenant le pas sur le reste des arômes mais que nenni, ce qui ressort ce sont des notes fraîches et exubérantes de verveine, de citron vert, de zestes d'orange, puis une pointe de miel, de fumée, d'encaustique. Le vin est sec, la bouche est vive juste ce qu'il faut, riche, herbacée et fruitée, un peu saline également. Diable, c'est complexe cette affaire!

Terminons avec une gourmandise: Ondine 2012 est un rosé croquant issu de l'union du mourvèdre et de grenaches gris centenaires. Évoluant gracieusement dans un registre demi-sec, il délivre une prose odorante tout droit sortie d'un jardin sévillan (des notes fraîches de fraises, de melon d'eau, de pêche, d'agrumes...). C'est croquant et délicieux, la finale possède un joli relief et se termine sur de beaux amers racés. Ondine attendait patiemment que vous sortiez le salon de jardin...

Alors? Heureux? :-)
Rendez-vous samedi!

Laurent, caviste

PS: une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule, je me lance dans le commerce de l'ultime apparat pour vous pavaner en terrasse (la classe américaine pour 4,90€/pièce, artwork by Ma2line, nombreux modèles à admirer sur place) :




mercredi 10 avril 2013

Le soleil n'est pas encore là?

Qu'importe, il est dans les raisins! (et pas seulement, d'ailleurs)

Les lignes suivantes illustrent à merveille mes propos avec ces jolis coups de coeur, au sein d'une sélection majoritairement locale:

Michel Quenioux à Cheverny (domaine de Veilloux) fait ses vins comme un luthier ses instruments de musique, rien d'étonnants donc que chaque bouteille sonne parfaitement juste dans un registre plus proche du Boléro que de Johnny be good. À l'inverse de ce qui se pratique autour de nous ces derniers temps voici enfin une preuve que rigueur ne rime pas nécessairement avec austérité...
Par les temps qui courent je suis certain que vous apprécierez les bienfaits d'une telle démonstration ;-)

Le blanc domaine 2010 s'ouvre d'abord discrètement sur les fruits blancs, un bouquet de fleurs blanches et une pointe de pomélo (avec un peu d'aération viendront s'y ajouter des senteurs musquées, de l'orange, de l'anis ainsi que quelques notes de confiture de lait à mesure que le vin s'épanouit à l'air et devient plus aromatique et enjôleur). En bouche, on est séduit par l'harmonie générale, l'équilibre entre fraîcheur et rondeur le tout parfaitement arbitré par une pichenette d'amertume. Le rouge de la même gamme (toujours en 2010) se livre immédiatement, épices et fruits rouges en avant (airelles, cerise, groseille) tandis que la bouche est tout en fluidité, ménageant l'espace pour des tanins poudrés qui "portent" une finale poivrée et longue couronnée par de très beaux amers.

La cuvée les Veilleurs, également dans les deux couleurs mais sur le très beaux millésime 2009, présente un travail plus ambitieux qui mise sur les capacités du temps. Le blanc présente des notes séduisantes de menthol et de citron confit avec une sapidité et une élégance admirables alanguies juste ce qu'il faut par un joli gras parsemé de fleurs séchées. Le rouge est très floral lui aussi (pot pourri de rose et pivoine), atramentaire (registre aromatique, ici les odeurs d'encre, de graphite/mine de crayon), ça donne un nez envoûtant de souk. En bouche c'est épicé et salivant, les tanins sont serrés et la finale très longue.

Étonnant de voir à quel point de si jolis vins peuvent à la fois sortir des sentiers battus tout en évitant chaque écueil... Le travail de fond de Michel n'y est pas pour rien, voilà une belle démonstration de ce que peut donner la pratique appliquée de la biodynamie sur une appellation injustement boudée des étals et ce malgré des rapports qualité/prix très alléchants (Domaine 8,50€ / Veilleurs 10,50€)


Autre figure du Loir-et-Cher: Jérôme Sauvète, à Monthou sur Cher. Là-aussi, les vins parlent pour le bonhomme. J'ai spécialement retenu la cuvée les Gravouilles qui est un 100% gamay offrant ce qu'il faut de caractère pour trouver sa place à table sans passer inaperçu (le nez d'abord fumé dévoile de jolies notes de fruits juteux, comme la pêche de vigne par exemple, la matière est là, dense mais aérienne, et "porte" le vin). Là aussi, c'est bon et abordable (8,50€), et le raisin comme le buveur sont respectés l'un et l'autre (AB depuis... longtemps).



Restons en Touraine, et ouvrons la porte cette fois-ci à un petit nouveau, Nicolas Paget. Le concernant (il reprend le vignoble familial), les changements entrepris à la vigne (conversion en cours) ne sont pas encore perceptibles dans les vins, ce qui ressort très fort c'est un sacré talent de vinificateur, et c'est ça qui m'a séduit. D'ici quelques années, lorsque lui et ses vignes parleront à l'unisson, ça risque de frapper fort sur les coteaux de Rivarennes! J'ai retenu trois vins:
Le chenin "tendre" (Opus 2011, entre sec et demi-sec) est onctueux et aérien et sonne juste à l'apéritif comme à table (une merveille sur un rôti de veau grand-mère en cocotte, avec une louche de crème), le rosé demi-sec Gourmandise joue quant à lui une partition "canaille" et son profil acidulé propose un parfait compromis entre vivacité et sucre. Enfin le Côtcerto, sur le magnifique millésime 2009 enfile un costume tout à la fois classe et baroque avec ses effluves boisés et exotiques (noix de coco fraîche, mais aussi caramel, réglisse, encens, fumée), les fruits rouges confiturés lui apportent un côté "forêt noire" sans le laisser sombrer dans la lourdeur. Grâce à sa fraîcheur et aussi à un joli grain de tanin, le vin est souple et dégage une impression noble de puissance maîtrisée qui déroule un final magistral sur l'humus frais, le sous-bois. En résumé, un côt (malbec) comme on aimerait en boire plus souvent, et encore une fois là aussi un excellent rapport prix/plaisir (10€).


La jeune garde angevine prend le relais avec Thomas Carsin (le Clos de l'Élu, à Saint Aubin de Luigné). Là aussi trois vins dans les trois couleurs:

Terre! (blanc 2011, 10,80€) dresse un portrait gastronomique du sauvignon comme il y en a peu de ce côté-ci du Val de Loire, un nez de fruits blancs assez discret qui prépare une bouche parfaitement équilibrée entre des amers fins, une acidité bien balancée, et une finale légèrement saline avec une pointe de brioche. On l'imagine très à l'aise sur des poissons blancs à chair ferme cuits à l'huile d'olive ou grillés (un dos de cabillaud aux herbes fraîches lui ira très bien). Le rouge l'Aiglerie (Anjou 2011 pur cabernet franc 15€) ne cache pas son ambition, c'est cossu comme une cave à cigare, le boisé est parfaitement intégré et se prolonge sur des notes exotiques (coco, vanille, poivre) et torréfiées. En bouche c'est ample et rond, presque crémeux, les tanins sont fins et serrés et la finale est longue et harmonieuse. Enfin, une superbe bulle (Les Dames de Nage 2010 rosé extra brut 16,40€), infiniment complexe à tous les étages (nez original un peu résiné, pâte d'amande, calisson d'Aix, melon, bouche aérienne, bien sèche, et finale gourmande sur les épices douces (muscade, pain d'épices, spéculoos, pointe d'anis). Le cépage grolleau (100%) porte ici parfaitement son nom.





Terminons avec quelques flacons exotiques en provenance d'Afrique du Sud (Beaukett 2012, muscat demi sec vif et aromatique à souhait, il paraît qu'il va faire beau ce weekend!) et du Chili, où j'apprécie de plus en plus les domaines La Roncière et Emiliana (dont parmi vous quelques-uns se sont déjà laissés surprendre par les qualités du Carménère 2011, d'ailleurs il en reste un peu). Chez la Roncière, en complément de la syrah (Cantoalba Shiraz 2010) et du chardonnay (Moussai 2011), vous découvrirez un étonnant cabernet sauvignon répondant au nom de Chaku (2010, 10€), merveille de cassis juste mûr aux tanins tendres et ciselés ainsi que le pinot noir Cantoalba (2011, 11,50€) aux accents bourguignons certes mais dans un registre qui demeure singulier. Autre pinot noir mais dans une expression complètement différente, El Rincon 2011 de chez Émiliana, en tous points une superbe bouteille (nez eucalyptus, fruits noirs, noix de coco, boisé "noble", bouche très élégante, prégnante, toucher de bouche soyeux, grande fraîcheur qui contrebalance une belle richesse tactile, c'est dense d'accord mais toujours équilibré et ça se termine en apothéose sur un exubérant sirop de fruits rouges à se damner...). Grosse impression qui justifie largement l'investissement (25€) et qui peut laisser pantois bon nombre d'amateurs éclairés.




Côté "boissons viriles", quelques nouveautés également:
Single malt Bunnahabhain 2007 Cask Strength (Islay) 50,1° The Ten #09: un brut de fût pour les gens qui veulent une tourbe puissante associée à un profil salin (algue), humus et pomme fraîche. Pour connaisseurs.
Single malt Lands of Scotland (Islay) 40°
Plus consensuel et moins "rentre dedans" que le précédent, ce single malt également tourbé et marin n'en demeure pas moins intéressant par son onctuosité et ses jolies notes de malt.




Restons dans les îles d'Écosse avec la gamme Gaelic Distillers en provenance de Skye dont les blends deluxe Mac Namara 40° (littéralement "le fils de la mer", sec et viril, davantage iodé que tourbé, 28€) et Té Bheag 43° ("la petite dame des îles", assemblage de 8 à 10 ans, floral, iodé, légèrement tourbé à la finale pâtissière marquée par le sherry, 35€) sont une parfaite introduction à un travail soigné et clairement orienté vers le qualitatif. La déclinaison des pure malts Poit Dhubh ("alambic illicite") vient compléter le tout, avec un 8 ans structuré aux arômes miellés et floraux prolongé par un fumé délicat (44€), un 12 ans plus évolué, sur le velours, l'iode et les épices (61€) et enfin un 21 ans fumé et épicé (vanille, chêne) qui finit tout en douceur (105€).


Du Japon, retour des whiskies de chez Nikka (From The Barrel 51,4°, Pure Malt White 43°, Coffey Grain 45°, Yoichi 10 ans 45°), et des États-Unis retour très attendus aussi du Single Barrel 2002 de chez Evan Williams (Kentucky Straight Bourbon 43,3°).




Les bières écossaises des frères Williams sont arrivées à bon port elles aussi (Roisin, Harvest Sun, Seven Giraffes, Birds and Bees, Good Times, Joker IPA et... Ginger Ale, 3,00€/pinte ou 11+1 offerte).

À ce sujet, je vous rappelle une dernière fois qu'un atelier bière belge est prévu demain jeudi 11 avril de 18h30 à 19h30 à la boutique. Le nombre de réservations n'étant pas encore suffisant j'espère que quelques indécis viendront confirmer l'évènement très rapidement (1 heure, 4 bières, les informations-clé qui vont bien, 12€/personne). Réservation au 0247265583 ou par retour de mail.

Merci de vôtre attention ;-)

Laurent, caviste en malts d'amour

jeudi 21 mars 2013

C'est l'printemps!


Chers amis du Vin, bien l'bonjour!

Après quelques semaines fraîches et humides, à traîner mes guêtres aux vignes et mes savates au chais, j'opère mon coming out 2013 avec dans mes sacoches quelques ch'tites surprises bien senties.

Je commencerai avec les évènements à venir:
Ce samedi 23 mars, voici les choses dans lesquelles vous pourrez tremper vos lèvres et dont j'espère bien qu'elles sauront vous tirer le plus beau et béat des sourires et réveiller la créature sensuelle qui sommeille aux tréfonds de votre être:
Côté vins: un pinot noir du Chili très provocateur, un demi-sec 100% muscat petit grain d'Afrique du Sud qui remet l'facteur su'l vélo, un vin collector muté du Portugal et pour faire cocorico un joli rouge rhodanien craquant et croquant
Côté alcools: quelques whiskies du pays des kilts plus un cadet du pays des sushis, les (fines) fleurs du malt en somme (ho ho qu'est-ce qu'on rigole avec moi).
Hé ouais, pour le printemps on met le paquet. Et c'est pas fini suivez-moi:

Lundi prochain 25 mars, de 19h à 20h, les amateurs de bières belges pourront profiter d'un atelier dégustation animé par bibi dans l'enclave d'Outre Quiévrain tourangelle, j'ai nommé le Gambrinus (dont la réputation pluri-décennale n'est plus à faire parmi les amoureux d'la gueuze, du lambic et autres breuvages trappistes).
Renseignements et réservations au 02.47.05.17.00 (Le Gambrinus, 69bis rue Blaise Pascal 37000 Tours, attention nombre de places limité)

On continue c'est par ici:
Samedi 30 mars, toute la journée, découverte des vins de Nicolas Gonin, vigneron dans les improbables Balmes Dauphinoises (Isère). De prime abord, la proposition n'est pas très sexy vous me direz... Mais les curieux et les intrépides parmi vous auront bien raison de se déplacer pour profiter du gratin (hinhinhin). En bon master ès teasing je vous donnerai un peu plus de biscuit ultérieurement, l'essentiel ici étant de prendre date.
Attention, il s'agit d'une dégustation donnant-donnant (à l'issue de laquelle les intéressés pourront prendre des réservations sur des vins qui ne seront commandés que dans un second temps, moyennant 10% de réduction sur le tarif normal, arrivage courant avril). Voilà ce qui se passe dans un monde où tout le monde s'aime tendrement.

Jeudi 4 avril, 18h30-19h30
Je vous propose de venir découvrir un autre vignoble injustement méconnu qui recèle pourtant de nombreuses pépites: le Jérèz. Ce vignoble andalou dont les origines se perdent dans la nuit des temps se distingue par bien des aspects, avec des vins aussi singuliers qu'insolites tant par leur palette gustative que par leurs modes d'élaboration. Si vous venez, vous verrez.
Maxi 8 personnes, 5 vins dont 3 âgés de 12 ans (sans pour autant que ce soit un détournement de pinards), 1 heure pour goûter et comprendre, 15€/pers.
Jeudi 11 avril, 18h30-19h30
Atelier dégustation de 4 bières belges au tempérament bien trempé (Saint Feuillien blonde, Kapitell Triple, Duchesse de Bourgogne et Kasteel Brune). J'en connais qui vont pouvoir crâner jusque dans les pubs.
Maxi 8 personnes, 4 bières, 1 heure pour goûter et comprendre, 12€/pers.
Bon, maintenant que ça c'est fait, à vous de jouer ;-)

Laurent, caviste d'appellation d'origine incontrôlable

Le Feu à la Cave
47 rue Nationale
37250 Montbazon
0247265583 / 0662736043

Membre fondateur et actif de la secte des Cavistes Alternatifs de France
Recommandation (chaude) 2013 du Bottin Gourmand
Coup de coeur de la Revue du Vin de France depuis 2008 (j'avoue, pour celle-là j'ai hésité)

mercredi 27 avril 2011

Soutien pour Olivier B.

Régulièrement, on me demande ce que signifie "alternatif", ce mot que j'ai ajouté à la suite de "caviste" sur mes cartes de visite.

Au départ, je trouvais ça drôle de se distinguer de ses confrères par un simple adjectif, pour dire qu'ici c'est pas pareil, que comme le rock alternatif des années 80 qui s'était trouvé un réseau en dehors des canaux commerciaux "mainstream", il y avait d'autres vins, peut-être plus authentiques et vivants.

Il faut dire que lorsque j'ai ouvert la boutique en 2005, nous n'étions pas nombreux dans ma profession à ouvertement nous prononcer en faveur de la culture biologique, à proclamer que le vin n'en était que meilleur si le vigneron intégrait ces valeurs dans sa manière de travailler. Au-delà de l'argument environnemental (incontestable), et sanitaire (polémique).

Et puis, le temps a passé, de nombreux cavistes ont depuis ouvert leurs portes en hissant bien haut l'étendard des vins crus, sans artifices, avec une âme qui parle à ceux qui se penchent au-dessus d'eux en leur accordant juste un peu d'attention.

Si bien que peut-être aujourd'hui je ne suis plus aussi alternatif que je l'ai été.

Alors comment le redevenir? Sans succomber aux sirènes du marketing, j'entends.

Maintenir un effort permanent pour garder un profil d'éclaireur, ça demande de l'énergie, c'est aussi souvent mal compris, mais je n'envisage pas ce métier autrement, c'est partie intégrante de sa définition.


Ainsi, je vous avais prévenu de l'arrivée d'Olivier B., vigneron miraculé sauvé par Facebook, qui viendra faire étape au Feu à la Cave jeudi prochain 28 avril à partir de 18h. En soi, c'est un évènement. Mais pour autant ça n'était pas suffisant pour qu'il devienne alternatif, et j'ai du pousser la réflexion. Comment faire "autrement"?

Lorsqu'un vigneron se déplace chez un caviste pour faire une "animation", c'est le commerçant qui vend la marchandise, toujours. Dans le cas de la "bloglougloutournée" d'Olivier, il s'agit pour lui de remercier celles et ceux qui l'ont soutenu, moralement et financièrement, pendant son passage à vide de ce début d'année qui l'avait poussé à annoncer sur son blog sa décision de jeter l'éponge. La tournure et l'ampleur de son billet du premier janvier dernier (la nouvelle a même traversé la Manche et l'Atlantique), il ne les avait pas prévues, encore moins espérées.

La tentation est grande alors de chercher à "utiliser" une partie de cette notoriété toute neuve pour son propre compte, sous couvert d'une vaste opération de solidarité. Et vous pourriez vous montrer suspicieux à l'égard du commerçant qui, comme moi, profite de sa venue pour tenter d'attirer une nouvelle clientèle.

Olivier B. sera là jeudi, il vous attendra toutes et tous, sa fatigue ne vaincra pas son nouvel enthousiasme.

Parce que la solidarité est une valeur inaliénable, qu'on entend chaque jour des discours sur l'enfermement des individus, que cette crise a parfois bon dos, j'ai souhaité qu'Olivier vende ses vins EN DIRECT à tous les heureux visiteurs de cette soirée. Je n'en tirerai donc aucun bénéfice financier (ma trésorerie n'appréciera pas forcément, mais lui si).

C'est peut-être ça finalement, être alternatif aujourd'hui, se tirer le nez du nombril malgré l'adversité, tendre une main qu'on croyait déjà prise. On n'est pas obligé d'être beau pour accomplir un beau geste. J'aimerais voir ce jeudi un camion du Vaucluse s'arrêter plein et repartir vide, son conducteur un sourire béant suspendu au chapeau et l'esprit serein à l'idée d'explorer tous ces nouveaux chemins qui s'ouvrent devant lui.

Et comme j'aime bien les surprises, je ne l'ai pas prévenu.

En conséquence, merci de prévoir un chéquier car les règlements devront se faire directement à son ordre (ce procédé excluant évidemment l'utilisation des cartes bancaires via mon terminal de paiement).

Et surtout, surtout, venez nombreux, faites beaucoup de bruit autour de vous, pour un soutien massif et sans précédent à un représentant talentueux et intègre d'une profession d'utilité publique.

Rappelez-vous, jeudi prochain, 28 avril, à partir de 18h.

Merci pour lui.