Régulièrement, on me demande ce que signifie "alternatif", ce mot que j'ai ajouté à la suite de "caviste" sur mes cartes de visite.
Au départ, je trouvais ça drôle de se distinguer de ses confrères par un simple adjectif, pour dire qu'ici c'est pas pareil, que comme le rock alternatif des années 80 qui s'était trouvé un réseau en dehors des canaux commerciaux "mainstream", il y avait d'autres vins, peut-être plus authentiques et vivants.
Il faut dire que lorsque j'ai ouvert la boutique en 2005, nous n'étions pas nombreux dans ma profession à ouvertement nous prononcer en faveur de la culture biologique, à proclamer que le vin n'en était que meilleur si le vigneron intégrait ces valeurs dans sa manière de travailler. Au-delà de l'argument environnemental (incontestable), et sanitaire (polémique).
Et puis, le temps a passé, de nombreux cavistes ont depuis ouvert leurs portes en hissant bien haut l'étendard des vins crus, sans artifices, avec une âme qui parle à ceux qui se penchent au-dessus d'eux en leur accordant juste un peu d'attention.
Si bien que peut-être aujourd'hui je ne suis plus aussi alternatif que je l'ai été.
Alors comment le redevenir? Sans succomber aux sirènes du marketing, j'entends.
Maintenir un effort permanent pour garder un profil d'éclaireur, ça demande de l'énergie, c'est aussi souvent mal compris, mais je n'envisage pas ce métier autrement, c'est partie intégrante de sa définition.