mercredi 27 avril 2011

Soutien pour Olivier B.

Régulièrement, on me demande ce que signifie "alternatif", ce mot que j'ai ajouté à la suite de "caviste" sur mes cartes de visite.

Au départ, je trouvais ça drôle de se distinguer de ses confrères par un simple adjectif, pour dire qu'ici c'est pas pareil, que comme le rock alternatif des années 80 qui s'était trouvé un réseau en dehors des canaux commerciaux "mainstream", il y avait d'autres vins, peut-être plus authentiques et vivants.

Il faut dire que lorsque j'ai ouvert la boutique en 2005, nous n'étions pas nombreux dans ma profession à ouvertement nous prononcer en faveur de la culture biologique, à proclamer que le vin n'en était que meilleur si le vigneron intégrait ces valeurs dans sa manière de travailler. Au-delà de l'argument environnemental (incontestable), et sanitaire (polémique).

Et puis, le temps a passé, de nombreux cavistes ont depuis ouvert leurs portes en hissant bien haut l'étendard des vins crus, sans artifices, avec une âme qui parle à ceux qui se penchent au-dessus d'eux en leur accordant juste un peu d'attention.

Si bien que peut-être aujourd'hui je ne suis plus aussi alternatif que je l'ai été.

Alors comment le redevenir? Sans succomber aux sirènes du marketing, j'entends.

Maintenir un effort permanent pour garder un profil d'éclaireur, ça demande de l'énergie, c'est aussi souvent mal compris, mais je n'envisage pas ce métier autrement, c'est partie intégrante de sa définition.


Ainsi, je vous avais prévenu de l'arrivée d'Olivier B., vigneron miraculé sauvé par Facebook, qui viendra faire étape au Feu à la Cave jeudi prochain 28 avril à partir de 18h. En soi, c'est un évènement. Mais pour autant ça n'était pas suffisant pour qu'il devienne alternatif, et j'ai du pousser la réflexion. Comment faire "autrement"?

Lorsqu'un vigneron se déplace chez un caviste pour faire une "animation", c'est le commerçant qui vend la marchandise, toujours. Dans le cas de la "bloglougloutournée" d'Olivier, il s'agit pour lui de remercier celles et ceux qui l'ont soutenu, moralement et financièrement, pendant son passage à vide de ce début d'année qui l'avait poussé à annoncer sur son blog sa décision de jeter l'éponge. La tournure et l'ampleur de son billet du premier janvier dernier (la nouvelle a même traversé la Manche et l'Atlantique), il ne les avait pas prévues, encore moins espérées.

La tentation est grande alors de chercher à "utiliser" une partie de cette notoriété toute neuve pour son propre compte, sous couvert d'une vaste opération de solidarité. Et vous pourriez vous montrer suspicieux à l'égard du commerçant qui, comme moi, profite de sa venue pour tenter d'attirer une nouvelle clientèle.

Olivier B. sera là jeudi, il vous attendra toutes et tous, sa fatigue ne vaincra pas son nouvel enthousiasme.

Parce que la solidarité est une valeur inaliénable, qu'on entend chaque jour des discours sur l'enfermement des individus, que cette crise a parfois bon dos, j'ai souhaité qu'Olivier vende ses vins EN DIRECT à tous les heureux visiteurs de cette soirée. Je n'en tirerai donc aucun bénéfice financier (ma trésorerie n'appréciera pas forcément, mais lui si).

C'est peut-être ça finalement, être alternatif aujourd'hui, se tirer le nez du nombril malgré l'adversité, tendre une main qu'on croyait déjà prise. On n'est pas obligé d'être beau pour accomplir un beau geste. J'aimerais voir ce jeudi un camion du Vaucluse s'arrêter plein et repartir vide, son conducteur un sourire béant suspendu au chapeau et l'esprit serein à l'idée d'explorer tous ces nouveaux chemins qui s'ouvrent devant lui.

Et comme j'aime bien les surprises, je ne l'ai pas prévenu.

En conséquence, merci de prévoir un chéquier car les règlements devront se faire directement à son ordre (ce procédé excluant évidemment l'utilisation des cartes bancaires via mon terminal de paiement).

Et surtout, surtout, venez nombreux, faites beaucoup de bruit autour de vous, pour un soutien massif et sans précédent à un représentant talentueux et intègre d'une profession d'utilité publique.

Rappelez-vous, jeudi prochain, 28 avril, à partir de 18h.

Merci pour lui.

mercredi 9 mars 2011

Capus kaputt

Laissez-moi vous conter l'histoire d'un de mes confrères, caviste en ligne, qui a du récemment croiser le fer avec une certaine administration pour un motif aussi fallacieux qu'agaçant. En France, et c'est heureux, le monde du vin est strictement encadré. Les vins sont classés en différentes catégories, répondant à différents cahiers des charges, c'est le système des appellations d'origine contrôlées (AOC).
Au passage, ce dernier fait actuellement l'objet d'une douloureuse réforme (AOP, IGP), mais là n'est pas notre sujet. Les vignerons qui travaillent sur une aire d'AOC sont soumis à diverses contraintes visant à harmoniser la production d'une zone géographique délimitée, en somme à lui donner un visage reconnaissable. La création de ce système, nous la devons au sénateur Joseph Capus (photo) qui, au début du siècle dernier, eut alors à cœur de défendre les vignerons face à une fraude grandissante qui à l'époque gangrénait le marché.
En effet, les ravages du phylloxéra ayant entraîné une pénurie de vin partout en Europe, beaucoup de faussaires en ont profité pour "faire du vin" en se jouant de l'absence de définition claire dans les textes pour le qualifier. Certains allaient même parfois jusqu'à se passer de raisin pour y parvenir (!).
Le terme peu flatteur de "piquette" date d'ailleurs de cette période noire de l'histoire de la viticulture, notamment dans le sud de la France où toute l'économie reposait alors sur l'industrie viticole. Ce désarroi général a rapidement cédé la place à des initiatives populaires comme la grève de l'impôt ou le blocage des ports, ou encore les démissions collectives des municipalités, forçant Clémenceau (le fameux Tigre des brigades télévisées de notre enfance, ministre de l'Intérieur en 1907), a réprimer sévèrement ces révoltes, parfois dans le sang.
S'ensuivit une longue période de concertation au terme de laquelle les AOC furent créées, chacune assortie d'un cahier des charges précis (cépages, types de taille, densité, délimitations cadastrales etc...).
Aujourd'hui, le vigneron est toujours soumis à ces obligations édictées il y a près de 80 ans. On pourrait se réjouir de cette pensée confortable, et se féliciter que cet encadrement n'autorise aucun abus. Bien sûr et comme souvent, tout n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît. D'abord parce que insidieusement, le petit monde des législateurs de la question agricole a été "colonisé" par des lobbies dont on connaît désormais très bien l'identité (les reportages et articles à scandales sur le sujet ne peuvent pas tous contenir seulement des théories fumeuses, rendons-nous à cette évidence). Ensuite parce que, tout aussi insidieusement, la notion même d'appellation d'origine contrôlée est devenue la caricature de ce qu'elle était en 1936 (avouez que c'est amusant, AOC dont l'esprit des origines gagnerait à être rappelé...). Ainsi, la France viticole, face à la diversification des lieux de production partout dans le monde depuis 30 ans, a choisi la voie du vin de cépage pour répondre à cette encombrante concurrence, à l'export comme à l'intérieur de nos frontières. Un pays comme la France, qui peut s'enorgueillir de faire partie du trio de tête des producteurs (en volume, avec l'Italie et l'Espagne, on parle bien là des 3/4 de la production mondiale), et qui dans le même temps s'est en quelques 2000 ans assuré une suprématie viticole indiscutable dans le domaine des vins prestigieux, dispose pourtant de toutes les cartes pour continuer à ouvrir la voie... Sagesse de l'âge, technicité empirique, connaissance approfondie du support (vigne), autant d'atouts gagnés par des générations de vignerons persévérants qui permettent de prouver que volume et qualité sont des mots compatibles, qui ne se contredisent pas forcément. Ces fameux vins de cépage, qu'ils proviennent de Chine, d'Argentine ou d'Afrique du Sud, sont souvent produits selon des schémas économiques très différents, où l'objectif premier et complètement assumé est la rentabilité. Le choix géographique n'est donc pas anodin, puisqu'il cumule terres agricoles et main d'œuvre foisonnantes et bon marché, avec une règlementation très permissive (libérée du cadre règlementé des pays de tradition viticole séculaire, elle permet globalement presque tout, de l'irrigation à l'emploi de pesticides et d'engrais interdits partout ailleurs aux techniques de vinification les plus controversées). Dès lors, il était très difficile dès le départ de s'attaquer à eux, et cela induisait un abandon de la notion de terroir (toujours complexe à définir, faut-il y voir une faiblesse?) au profit de l'expression dite variétale* d'un ou plusieurs cépages. L'enjeu était simple : s'emparer de nouvelles parts de marché dans des pays dépourvus de culture du vin (autant dire partout ailleurs que la Vieille Europe). Une approche simplifiée s'imposait comme une évidence, la griotte du pinot noir ou la réglisse du cabernet sauvignon devenaient bien suffisantes sans qu'on ait besoin de leur ajouter la gueule de l'endroit et/ou celle du vigneron. Les années passant, les conséquences de cette orientation se sont révélées toujours plus désastreuses et contre-productives, et nous en sommes aujourd'hui à ce constat sans appel qui remet en cause les fondements mêmes de la notion d'AOC. Car il était clair dès le départ que des stratégies aussi différenciées (faire du vin de cépage pour l'export et défendre la notion de vin de terroirs pour le marché intérieur) auraient pour conséquences d'abord une confusion des genres jusque chez les producteurs, ensuite une migration vers la facilité de la part du gros des consommateurs. C'est ainsi qu'un fossé s'est creusé entre des vins de marque, simples, duplicables, élaborés selon des procédés inspirés d'un monde agricole technologique, reposant sur un recours systématique à la chimie à toutes les étapes de leur élaboration, et d'autre part des vins perçus comme artisanaux, archaïques, obscurantistes, voire élitistes et donc destinés à un public aisé et averti auquel il est difficile de s'identifier dans ces termes. Une fois l'équation posée de cette manière et les grandes orientations (vous me permettrez un petit sic!) prises par les instances viticoles, la grande distribution n'avait plus qu'à se baisser pour ramasser. Aujourd'hui, 70% des vins vendus en France le sont à la douce musique des caisses enregistreuses à scanner sous les néons blafards de quelques enseignes sur-représentées en périphérie des grandes villes. Bien entendu, les conditions de stockage, l'absence de conseil en rayon et la culture du moins cher étant caractéristiques de ces endroits généralistes, il fallait dompter le vin en tant qu' "exception alimentaire notoire". La fameuse "loi du marché", définie comme celle régissant les échanges de denrées entre producteurs et distributeurs, a donc fini par s'appliquer sur le vin, et c'est par ce truchement qu'encore aujourd'hui les ténors du secteur de la grande distribution parviennent à maintenir une emprise totale sur un nombre effrayant de secteurs de production. Qui dit standardiser le vin implique l'exercice d'une influence forte et constante sur sa règlementation. Une fois la majorité des producteurs piégés par des contrats d'approvisionnement très souvent abusifs, les législateurs ont tôt fait de céder aux exigences d'un groupe de quelques distributeurs omnipotents (au rang desquels figurent également des hyper-négociants-grossistes et des plateformes de vente en ligne). Les AOC sont aujourd'hui devenues l'ombre de ce qu'elles furent du temps de Joseph Capus, et ses "usages locaux, loyaux et constants" en passe de n'être que de lointains souvenirs d'une époque où l'alimentation était au centre des dépenses d'un foyer. Maintenant que nous avons déroulé le fil de l'Histoire pour remonter depuis son origine jusqu'à son époque récente, on peut parler des conséquences. À court-terme d'abord, avec deux exemples. Le premier c'est ce fameux confrère dont je parlais plus haut, qui vend du vin sur internet. Il y a quelques semaines, il reçoit un courrier de la part de la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes). On lui reproche d'avoir classé sur son site dans la région "Loire" des vins hors AOC. En effet, chaque région viticole produit son lot de vins d'AOC (bientôt AOP), de Vins de Pays (IGP) et de Vins de Table (Vins de France). Classés dans la catégorie "Loire", le caviste avait jugé bon et pertinent d'y inclure de facto ses Vins de Table produits en Loire. Il avait deux bonnes raisons au moins de le faire : d'abord parce que c'était vrai (tout de même!), ensuite parce que les étiquettes le prouvaient, en indiquant un code postal de lieu de production duquel, fort logiquement, on pouvait déduire de la région de production. L'administration citée plus haut, revendiquant les possibilités d'amalgame de ces vins avec des vins d'appellation, a jugé utile de lui rappeler dans son courrier les risques encourus s'il ne se mettait pas dans les plus brefs délais en conformité avec les textes :
37500€ d'amende et 2 ans d'emprisonnement. Fichtre.
Le caviste en question s'apparente à la famille des défenseurs de ces vins orphelins, qui n'ont plus droit de citer chez eux, parce que de suffisamment représentatifs en 1936 pour justifier la création des AOC, ils sont devenus confidentiels au point d'être tout juste tolérés. À la condition qu'ils n'arborent plus les couleurs de ce qu'ils ont pourtant toujours défendu : l'expression d'un lieu plutôt que d'un cépage, passant par le respect de pratiques ancestrales qui renforcent sans cesse le lien identitaire originel qui existe entre un vin et son appellation.
Bien sur dans cette catégorie on trouve aussi les vins de table très bas de gamme, mais là visiblement la DGCCRF rechigne moins à accepter cet amalgame, allez comprendre. De même d'ailleurs que pour certains vins en AOC on peut légitimement s'interroger sur la réelle bonne foi de ceux qui leur ont autorisé l'usage de l'appellation... Le deuxième exemple est vigneron, et pas des moindres puisqu'il s'agit de Sébastien David, force vive de Saint Nicolas de Bourgueil, pour laquelle il a tant fait en hissant plusieurs de ses cuvées au sommet de nombreux palmarès. Malgré cela, il a été récemment confronté au manque manifeste de reconnaissance de ses pairs, au moment de la présentation de sa cuvée Hurluberlu 2010 à l'agrément (session visant à donner à décerner le droit à un vin d'arborer l'appellation à laquelle il prétend, le sujet à lui seul justifierait qu'on lui consacre bien des mots...). Bien mieux que moi, il en parle ici.
Il est à noter que ce cas n'est pas isolé, et qu'on en rencontre même fréquemment. Certains vignerons ont choisi de sortir volontairement du cadre pour s'épargner les gaspillages de temps et d'énergie, mais aussi les frais engendrés par une nouvelle présentation (non négligeables et ne présentant aucune garantie de succès). D'autres, à l'image de Sébastien, ont à cœur de défendre leur appellation, et espèrent bien se faire entendre en portant ces éléments à la connaissance du plus grand nombre.
C'est aussi l'objet de ce billet.

* expressions olfactives et gustatives du cépage seulement

PS : l'association de vignerons SEVE dénonce depuis longtemps les dérives de l'INAO, leur site très complet permet d'approfondir la question. Idem dans les diverses publication de la Renaissance des Appellations, groupement de bio-dynamistes qui prône le retour à la notion de terroir.

vendredi 4 février 2011

Je préfère un réseau social à un monde antisocial

Ce début d'année est à marquer du sceau de la fraternité et de l'affranchissement des frontières physiques.

Fraternité, pour ces peuples qui aujourd'hui relèvent la tête et sont acteurs de leur propre changement, conscients que de leurs agissements d'aujourd'hui dépend leur liberté et celle de leurs enfants.

En voilà un vœux pieux pour 2011 : je souhaite que nous-mêmes n'ayons pas à expérimenter une telle misère pour saisir les rênes à pleines mains!

Dans ces évènements historiques, l'importance des réseaux sociaux a été cruciale tant qu'ils ont échappé au contrôle. La raréfaction des espaces de liberté aboutit à une forte concentration populaire sur internet, et des plateformes telles que Facebook ont servi de tremplin à une multitude d'initiatives qui ont conflué, grossi, réveillé les masses dormantes et non connectées.

Pour autant, je ne glorifie pas ces réseaux, mais j'essaie de tempérer l'avis de ses détracteurs (dont beaucoup n'ont d'ailleurs souvent pas testé eux-mêmes le système) en rappelant qu'on n'a encore jamais emprisonné le briquet à la place du pyromane.

Facebook m'a permis d'étendre considérablement mon réseau, de bénéficier de multiples sources d'informations tout en mettant mon maigre savoir à la disposition du plus grand nombre chaque fois que cela a été possible, pertinent et nécessaire. Dans un souci d'équité.
Je peux donc témoigner auprès de beaucoup d'autres utilisateurs qu'il s'agit d'un outil puissant qui peut servir à autre chose qu'exhiber gratuitement sa vie privée et celles de ses proches à tous les passants.

Car quoiqu'on en dise par ailleurs, cet outil est un incroyable facilitateur d'échanges. Au point même que certaines rencontres ont fini par se concrétiser, et m'ont permis de serrer quelques pognes et réaliser que le rôle que nous jouons sur la toile est le même que celui que nous jouons au quotidien, "in real life". Merci aux cavistes-confrères Christophe de Rennes, William de Poitiers, Jeanne de Paris, aux blogueurs Fabrice (VinsurVin), Philippe (la Pipette aux Quatre Vins), je les ai trouvés tels que je les soupçonnais d'exister, sans fard, exaltés et brillants.

Force est également de constater que le monde du Vin en général joue de cet outil comme s'il était né avec une souris entre les mains. Les innombrables vignerons que les salons sur lesquels je me suis rendu tout récemment ont permis de réunir (Dive Bouteille à Brézé, Renaissance des Appellations à Angers) sont actifs sur ces réseaux.
L'éloignement géographique fait encore des ravages chez les vignerons isolés, cette "soif sociale" qu'ils satisfont sur les réseaux n'en est alors que plus légitime. Parfois même ils regagnent un espoir lucide.

L'exemple d'Olivier B. est à ce titre particulièrement révélateur.
"Reclus" il y a encore peu de temps dans son Ventoux d'adoption, à deux doigts de jeter l'éponge malgré de très beaux vins salués par la critique, il a été littéralement sauvé par une vague d'engouement et de solidarité qui a déferlé au sein de la communauté oenophile virtuelle.
La presse, pas seulement spécialisée, s'en est ensuite emparée, et d'anecdotique le bonhomme est devenu incontournable.
Lui-même encore aujourd'hui n'en revient pas.

Si ce mode de communication permet de sortir d'un anonymat injuste des talents (ou des peuples!) qui n'attendent pas mieux que de simplement s'exprimer, s'il permet de s'affranchir des perpétuels groupes de pression qui étouffent leurs concurrents en occupant sans cesse tout l'espace disponible, alors tout devient soudain no seulement possible mais plus facile, plus rapide aussi.
Qui sait, peut-être que bientôt nous pourrons aller chercher dans les orties un mot qu'on y a jeté il y a longtemps, Solidarité.


vendredi 28 janvier 2011

Des litres, des lettres et un Littré

Un fragment d'étoffe, déposé par le vent sur un buisson, voilà ce qui me reste de toi, ma glorieuse idylle.
Maintenant vidée de ta substance, tu n'as plus de secret pour moi.
Dans le bleu nacré de tes iris j'ai vu l'immensité des possibles, comme à travers les hublots d'un engin spatial.
Et je me suis perdu en vertiges, pour finir naufragé, enfoui jusqu'à mi-corps dans les sables amers d'un delta tropical.
Comment fuir le vide béant qui suit tes dernières gouttes?
Comment supporter que l'essentiel s'absente sans sommation?
Deux secondes auparavant tes cheveux d'or fin caressaient mon épaule. Soudainement disparue, tu auras laissé ton velours sur ma peau, je le sens qui me quitte déjà comme s'il séchait sous la chaleur du soleil.
De sous tes dessous, j'ai deviné ton envie de faire jaillir en éclats cristallins ton habit rouge au grand jour. Drapée dans un nuage d'effluves outremer, tu as conquis peu à peu tout l'espace autour de moi, au point d'être la seule à réellement exister. Ma langue s'est évanouie sur un édredon de satin juteux, abandonnée au simple plaisir de gagner en substance à mesure que je te buvais.
J'étais le prisme en pleine lumière, le galet de rivière épousant les méandres, une voile qui ploie sous le vent bondissant et convoque la mer pour un duel.
T'écrire était futile, traverseras-tu de nouveau mon paysage?
Aurai-je l'audace de te chercher de nouveau quitte à me perdre encore?
Ai-je seulement mérité ton seul souvenir?
Bouteille vide, corps sans âme, esprit sans idéal, la torture marche dans les pas du délice. Je me dépêche de les rattraper.

vendredi 14 janvier 2011

OGM : nécessité d'un débat

Un débat est inévitable, ne serait-ce que pour statuer clairement.
La centralisation du pouvoir de décision à ce niveau éveille un certain nombres de doutes. À fortiori lorsqu'on considère les angles multiples sous lesquels il est analysé :
  1. Environnemental : peur de la dissémination, des conséquences sur la biodiversité, des impacts causés sur cette dernière par les plantes fabriquant elles-mêmes leur propre insecticide ou encore résistantes aux herbicides, disparition des forêts primitives dont on sait qu'elles recèlent énormément de découvertes thérapeutiques potentielles)
  2. Social : conséquences sur les populations fragilisées, notamment celles du tiers-monde, en terme de dépendance vis-à-vis des détenteurs de brevets, exode rural pour échapper aux zones de cultures intensives sous la pression de grands propriétaires terriens, expropriations
  3. Économique : procès intentés par les dépositaires de brevets à l'encontre de cultivateurs mitoyens
  4. Sanitaire (conséquences possibles sur la santé en général, à moyen ou long terme)
  5. Juridique : impossibilité de recourir à une pharmacopée revendiquée comme un bien commun de l'Humanité du fait des détentions de brevets, accords commerciaux obligeant un minimum d'importation, par ex. en Europe avec le soja)
  6. Philosophique : l'être humain peut-il légitimement s'approprier le vivant en visant un autre but que le bien collectif?)
  7. Politique : qui doit mener les recherches? qui peut les financer? quelles garanties d'indépendance pour éviter que la sécurité sanitaire ne soit sacrifiée sur l'autel de la rentabilité commerciale?)
Comme vous pouvez le constater, la question est pluridisciplinaire, en plus d'être complexe du fait des technologies concernées.
Au regard de l'ensemble des problématiques soulevées, il est donc d'une extrême importance que les citoyens bénéficient d'outils qui leur permettront de formuler en conscience un avis selon ce qui leur paraît le plus juste.
J'aimerais que ce billet soit nourri des réflexions des uns et des autres, et ce dans le respect des points de vue de chacun, car le but est de donner à ce sujet une place qui lui revient de droit.
Merci de vos contributions, sources et avis.