mercredi 9 septembre 2009

Convergences Bio dimanche 20 septembre 2009


Ah l'ambiance d'un village de gaulois, de citoyens éveillés...
Bien sûr, une troisième édition c'est de la pure gourmandise, pour tous, visiteurs comme exposants.

Bernard Charret, en bon catalyseur des gastronomes opératifs locaux, nous gratifie de sa tonne d'énergie pure annuelle, lui que l'administration à la botte d'un lobby presque anonyme aiguillonne sans cesse (en vain, ne leur en déplaise) pour le faire rentrer dans un rang à la légitimité toute relative...

C'est drôle ça me rappelle une floraison, ou bien les vendanges, lorsque l'air devient si électrique qu'on le croit fait de Vie pure!

samedi 13 juin 2009

Dégustation de vins italiens 12/06/09

Il y a quelques mois, à l'occasion d'une visite sur le salon Millésime Bio à Montpellier, j'avais fait la rencontre d'un groupement de vignerons italiens baptisé Trimillii. J'avais alors été très impressionné par la qualité de bien des vins présentés ce jour-là à la dégustation, du Moscato d'Asti 2008 de Mario Torelli au Barolo 2004 Vigna Rocche d'Andrea Oberto, en passant par les Gavi Filagnotti, Merla Bianca et générique 2007 et le Barbera Piemonte Mounbè 2005 de Stefano Bellotti. Ils m'ont appris que leur présence sur le salon avait pour objectif de trouver un importateur français susceptible de diffuser leurs vins chez nous.
De retour en Touraine, je me suis mis en relation avec Katia et Robin Gillis, avec qui j'avais eu l'occasion de découvrir les rieslings de Yochen Beurer et Peter Jakob Kühn dans le Württemberg, pour leur demander si l'import de vins italiens pouvait les intéresser. Ils se sont mis en relation, et les premiers échantillons sont arrivés récemment, et ont donné lieu à une très belle dégustation entre pros, à l'excellent restaurant Le Bout du Monde de Berthenay (1/4h à l'ouest de Tours) tenu de main de maître par le talentueux Christophe Roublin.
J'ai sollicité Katia et Robin pour organiser cette dégustation des Vendredis de Bacchus, club de dégustation que j'anime depuis plus de 3 ans, afin de prendre la température auprès d'un groupe d'amateurs et voir comment ils réagiraient face à ces vins exotiques. Ne pouvant être présents, ils m'ont vendu quelques bouteilles de leur petit stock d'échantillons, et je me suis mis à me documenter sur l'Italie viticole. J'ai rapidement été assez surpris de voir que les ouvrages de référence sur le sujet n'étaient pas légion, et après avoir demandé conseil à Rémi Loisel, que je sais lettré et véritable puits de science en la matière, j'ai fait l'acquisition de l'ouvrage général d'André Dominé intitulé sobrement "Le Vin" aux Editions PLace des Victoires, dans lequel sont consacrées 150 pages aux vignobles italiens, sur les quelques 928 que compte le bouquin. Excellente surprise, discours pointu, parfaitement documenté et relativement bon marché, j'en ferai à l'avenir un des piliers de ma bibiothèque.
J'y ai puisé l'ensemble des informations nécessaires pour concocter un quiz assez ludique, qui a visiblement recueilli les suffrages des participants.

Trois domaines y étaient représentés :

La coopérative agricole Valli Unite, un domaine piémontais créé il y a une 30aine d'années sur l'initiative de 3 vignerons qui souhaitaient réduire leur coûts de production et leur empreinte écologique en s'associant. Ils ont unifié leurs vignes, créé une étable pour bénéficier de leur propre engrais, et aujourd'hui la coopérative compte 25 emplois à temps plein, allant de l'ouvrier viticole au cuisinier, en passant par le charcutier et maître de chai. Car vous l'avez compris il ne s'agit pas d'une coopérative au sens péjoratif que beaucoup d'amateurs de vin accordent à ce vocable, l'idée essentielle étant de parvenir à l'autonomie, qu'elle soit financière ou logistique. Ainsi, sur place on peut se restaurer et déguster les diverses productions locales (vins, confitures, salaisons, viandes, céréales, lait, oeufs, fromages), trouver un hébergement (chambre d'hôtes), ou encore se cultiver et s'instruire (ferme pédagogique). Le domaine réserve chaque année une partie de sa production de vin (la cuvée Brisca, issue de barbera) au financement de projet à buts éducatifs, humanitaires et solidaires. A noter aussi que la coopérative fait partie du réseau Wwoof, qui permet au voyageur ("wwoofer") de proposer son aide aux divers travaux de la ferme en échange du couvert et du logement, au sein d'un réseau exclusivement constitué de fermes biologiques (les échanges d'argent y sont proscrits, on leur préfère l'enrichissement humain et le partage des expériences).

La Casina di Cornia et la Casavecchia alla Piazza sont deux exploitations viticoles toscanes plus classiques, chacune d'une 20aine d'hectares dont 7 et 6 de vignes, 1 et 4 d'oliviers et le reste en forêts et pâtures. La première, où la culture de la vigne remonte au 12ème siècle, s'est convertie à l'agriculture biologique en 1983 suite à son dernier rachat par le couple de français Antoine Luginbühl et Francine Dufour et a depuis réussi à complètement se passer du cuivre dans la lutte contre le mildiou, remplaçant ce métal lourd, souvent cité par les détracteurs du bio, par de la silice et de l'argile.
La seconde remonte au 16ème siècle et fut dit-on la propriété de l'artiste Michelange, et toutes les deux sont situées dans l'aire d'appellation Chianti Classico.
Voici les vins que nous avons dégustés provenant de ces 3 propriétés :

DOC Colli Tortonesi 2007 blanc "San Vito" Coop. Agri. Valli Unite (timorasso)
Vin chatoyant couleur de paille avec des reflets verts. Le nez est fortement minéral et clairement sudiste, d'abord dominé par l'alcool, pour ensuite évoluer sur la pierre à feu et l'herbe séchée. Ca me rappelle les vins blancs d'Haridimos Hatzidakis, à Santorin. En bouche la surprise vient d'abord par le volume impressionnant, largement soutenu par les 15° d'alcool, et les arômes sont toujours davantage minéraux que fruités ou floraux. Un beau vin de repas, très corpulent tout seul mais que j'aurais aimé tester sur un fromage de brebis très sec. Le cépage timorasso avait quasiment disparu du paysage italien, à une époque où on lui préférait des variétés plus productives car il se caractérise par des avortons floraux (grapillons qui ne donnent pas de grains) en plus ou moins grande quantité par grappe. Déjà connu de Leonard de Vinci, qui l'appréciait avec son fromage, il produit des vins qui se prêtent bien aux élevages longs car il montre une résistance inhabituelle à l'oxydation, et sa réhabilitation par quelques vignerons soucieux de biodiversité est en cours.

Vino da Tavola 2008 rosé "Rosatea" Coop. Agri. Valli Unite (fragolino)
De couleur carmin translucide, assez éclatant, on pourrait penser à un clairet, ce qui n'est pas exclu mais je n'ai pas l'info. Ce vin aurait grandement profité d'un carafage long tant il était réduit à l'ouverture des bouteilles. Côté aromatique donc, rien à dire si ce n'est que cette odeur de "croupe de cheval" a au moins permis aux participants d'identifier avec précision cette odeur si caractéristique, fréquente dans les vins élevés sur lies (ces dernières étant de grandes consommatrices d'oxygène, ce qui met le vin "sous vide" et le prive momentanément de tous ses arômes). La bouche est charnue et présente une finale gentiment tannique, ce qui laisse penser qu'il s'agit bien d'un clairet (à mi-chemin entre un rosé et un rouge, les clairets - souvent bordelais - sont le fruit d'une macération plus longue que pour un rosé, ayant pour résultat d'extraire un peu des tanins contenus dans les parties solides du raisin, en plus de la couleur contenue dans les anthocyanes).
Le cépage fragolino est un raisin de table, et c'est donc un vin hors-la-loi que nous avons là, étiquetté comme le Rosatea "classique" qui lui est réalisé à partir de muscat de Hambourg selon le même procédé. Son nom provient du mot italien "fragola" (fraise), et ma première expérience (illégale elle aussi) de ce cépage remonte à un voyage d'agrément à Venise où j'avais pu m'en procurer une bouteille sous le manteau. Je garde le souvenir d'un vin blanc (!) et moëlleux, très gourmand et intensément marqué par la fraise. Rosatea est donc une déception, car regoûté le lendemain la fraise n'était toujours pas au rendez-vous et le vin, même si la réduction avait disparu, était assez commun et présentait peu d'intérêt.

IGT Rosso Toscano 2008 rouge Casina di Cornia (70% sangiovese 15% canaiolo 15% trebbiano et malvasia)
Belle couleur rouge vif, tirant sur le vermillon, nez sur les fruits clairs (pêche de vigne?), matière très souple, voire un brin fluette, et superbe vinosité. Le candidat idéal pour le saucisson sec maison confectionné par Sylvain, charcutier émérite de Montbazon. C'est aussi un bel exemple d'une tradition toscane qui perdure consistant à intégrer une petite proportion de vins blancs au sangiovese, ici 15% de trebbiano et de malvasia (peut-être le nom local de notre pinot gris alsacien, également pinot beurot en Bourgogne, ou encore malvoisie dans le petit vignoble du Touraine Noble Joué). Un joli vin, qui pourrait être intéressant sous la barre des 10€, ce qui n'est ici pas le cas.

DOCG Chianti Classico 2007 rouge "Buondonno" Casavecchia alla Piazza (90% sangiovese 10% partagés entre merlot et canaiolo)
La bonne surprise de la dégustation nous est venue de ce vin, d'une parfaite droiture, plein, séveux et d'une grande finesse, il a rallié tous les suffrages. La sensation d'équilibre, d'harmonie n'y est sans doute pas pour rien. Tanins souples mais fermes, belle complexité, équilibre acidité/alcool lui donnant fraîcheur et persistance, ce fut bien sur une claque pour celles et ceux qui ne connaissaient du Chaniti que l'infâme décoction servie dans une grosse majorité des pizzérias. Ce vin sera sur mes étals d'ici peu, c'est promis.

DOC Collo Tortonesi 2005 rouge "Vighèt" Coop. Agri. Valli Unite (barbera)
C'est avec ce vin puissant et charnu que nous terminerons cette dégustation, sans doûte nettement moins approprié à une animation oenologique en plein air un soir d'été (ou presque). La couleur est bordeaux profond, montrant des signes d'évolution. Les odeurs sont nombreuses, du tabac blond au goudron, en passant par des effluves de prune et de laurier. La matière est très dense, avec des tanins serrés mais assez arrondis, j'imagine que ce vin sort tout juste de sa prime jeunesse, et qu'il a donc devant lui de belles années. Difficile d'évaluer cependant ses qualités, car tous ces éléments sont pour l'instant étroitement ligotés dans un mouchoir de poche, et cinq années supplémentaires en cave leur donneront davantage d'espace pour se distinguer plus nettement et intégrer un ensemble plus cohérent et harmonieux. Comme on dit chez nous, ça n'est pas encore "en place". Néanmoins, replacé dans une dégustation d'hiver, ou mieux, à table, il répondra présent avec intensité. Pour élaborer ce vin, il a fallu 2 ans d'élevage sous bois, et ensuite deux ans en bouteilles avant de le commercialiser, on comprend aisément pourquoi!

Une bien belle soirée, avec des participants toujours aussi contents d'être là, de quoi me conforter dans l'idée que les Vendredis de Bacchus verront encore de beaux moments. Quant à moi, j'en suis sorti encore plus convaincu de l'évidente nécessité d'un voyage sur place, et c'est pourquoi j'accepte avec délectation l'invitation de Katia et Robin de m'emmener avec eux dans le Piémont fin juillet. J'espère pouvoir y rencontrer Stefano Bellotti, de la Casina delli Uglivi, membres de la Renaîssance des Appellations, car le personnage comme ses vins très singuliers m'avaient fait vraiment une grosse impression à Montpellier. Ca fera bien spur l'objet d'un nouveau billet sur ce blog, et sans doute d'une nouvelle dégustation durant laquelle j'espère pouvoir proposer également de grands absents de cete dégustation tels que le spumante de chez Mario Torelli et quelques nebbiolos et barberas d'Andrea Oberto. Mais comme disent les italiens : "Que va piano va sano, e va lantano!"

mardi 19 mai 2009

Les Vignes Vierges, le 7 juin 2009 à Montbazon


En avant-première, voici l'affiche réalisée par mon ami Nicotch à l'occasion de la première édition du Village des Vignes Vierges, je vous laisse apprécier le coup de crayon du bonhomme, et vous donne rendez-vous chez oim (ou presque, puisqu'il s'agit de la belle Ilette connue des brocanteurs du dimanche) le jour de la Fête des Mères (une jolie bouteille ça veaut bien des bouquets) et des Européennes (et l'Elu ça sera vous...).

jeudi 16 avril 2009

N'est pas institutionnel qui veut...

Hé oui, je traîne mes guêtres sur la grande toile, et de temps à autres j'aime à flâner du côté des sites d'information du Vin. Ainsi, régulièrement je visite les pages de Vitisphère, un portail très complet à destination des professionnels de la filière, qui présente régulièrement des dossiers thématiques plutôt bien ficelés (marchés, statistiques, études, opportunités), ainsi que des interviews d'acteurs économiques.
Et cette semaine, c'est à Philippe Bandiera, l'actuel "Chef Marchés Senior Cultures Spécialisées" de la compagnie
Syngenta, que Vitisphère prête le micro. J'ai bien dit prête le micro, puisque clairement aucun travail journalistique ne semble avoir été réalisé, même partiellement. Ce cher monsieur y va donc de bon cœur pour vanter les mérites de Switch, le dernier fongicide de la gamme, supposé combattre loyalement une moisissure qui fait les cauchemars de bien des vignerons, le botrytis. Le tout enrobé dans un discours ouvragé qui fait la part belle au greenwashing, à la miraculeuse "lutte raisonnée", etc...
Soit, dont acte, la parole a qui veut bien la prendre, c'est un adage qu'il convient d'appliquer à tous ceux qui veulent s'exprimer, quand bien même on est pas (du tout) d'accord avec eux.
Mais si vous allez voir sur le site, une chose est particulièrement éclairante, c'est l'identité de l'annonceur de la semaine ...
Je vous laisse deviner.
Messieurs les "officiels", autant nous traiter de lapins de six semaines directement, non?

vendredi 27 mars 2009

Un arrêté contre les OGM à Montbazon Acte 1

Voilà qui est fait.
Ce que je pensais n'être qu'une simple newsletter s'est révélée être un pavé dans la mare.
Sur mon site internet (pour celles et ceux qui l'ignoraient je suis commerçant), j'ai fait partir cet après-midi une lettre d'information. Il s'agit d'un support qui me sert à faire connaître à un certain nombre de mes clients les derniers arrivages susceptibles de les intéresser, mais dont je me sers aussi pour lancer des coups de gueule de temps à autres. La dernière en date fait état de mes difficultés à faire entendre mon point de vue en matière d'OGM sur ma commune.
J'y évoque notamment ma frustration à ne pas me sentir pris au sérieux.
C'est vrai que je ne suis pas ingénieur agronome, ni docteur en biochimie végétale... Mais comme ce genre de profils ne court pas les rues (c'est une des raisons pour lesquelles le débat n'avance pas et profite aux semenciers et aux lobby phytosanitaire), la population n'est pas informée sur le terrain, et ça laisse donc la liberté à certains médias nationaux (le Figaro du 12/02/09 par ex.) de tronquer l'information pour la rendre plus digeste, aux détriments de l'éthique du journalisme et à l'avantage de ses actionnaires anonymes.
La réponse municipale ne s'est pas faite attendre, et me voici reproché de porter des accusations calomnieuses au maire et à son équipe, là où je parlerais davantage de divergences de points de vue en matière de priorités.
J'y vois deux bonnes nouvelles : la première c'est que la cohésion règne dans cette équipe (en doutais-je jusqu'à présent que j'en ai maintenant la certitude), la seconde que le sujet est bien effectivement générateur de fébrilité...
S'agit-il des prémices d'une véritable prise de position?
A l'heure où ces lignes sont écrites, je n'en sais rien, mais ce que je sais c'est que je n'en resterai pas là, et j'ai bien l'intention d'en faire un joli feuilleton pour que cette expérience, souvent menée en sous-marin, profite à un maximum de bonnes volontés.
J'ajoute au passage que lors des dernières élections, à l'issue desquelles cette équipe a été désignée pour gérer la commune, j'ai clairement apporté mon soutien, au mépris des avertissements précisant que ça n'était "pas bon pour le commerce". Cette équipe je la connais, elle est constituée de gens de bonne volonté. Seulement pour amener le débat des OGM sur le devant de la scène, il faut toujours un peu de poil à gratter, même pour une équipe soudée et volontaire comme celle-ci. Et là où elle voit des accusations, il faut y voir une appréhension collective teintée d'approximation. Avanti o no?

mercredi 25 mars 2009

Plaidoyer pour l'abeille

Je vous remets, tel quel, un courrier rédigé il y a quelques jours par un apiculteur désespéré. Il y dépeint un paysage sinistré par des pratiques déloyales, immorales et contre-productives, des portraits peu flatteurs de quelques-uns de ces "industriels décideurs" et responsables politiques qui se moquent de l'abeille comme de leur première communion.
Il s'appelle José Nadan, et il est président du Syndicat des Apiculteurs Professionnels de Bretagne.

"L'Abeille disparaît à cause des pesticides, il est malhonnête de le
contester. Et la situation continue à se dégrader.
Le Grenelle de l'environnement a viré en Grenelle de l'empoisonnement :
L'industrie agrochimique remplace les anciennes molécules moins rentables
par de nouvelles bien plus lucratives et d'une toxicité encore jamais vue.
On ne mesure plus le toxique en mg/l, ou en ppm, mais maintenant en ppb
(partie par milliard). Exemple du Cruiser récemment autorisé. La fine pellicule d'enrobage d'un grain de maïs contient 0,63mg de thiaméthoxam (source Syngenta). Ouvrez un ce ces sacs de semences Cruiser, prenez un grain de maïs, un seul, balancez le dans une cuve de 5000 litres d'eau, vous
atteignez une contamination de 0,126 microgramme/litre, soit au dessus
de la norme européenne de 0,1 microgramme/litre pour l'eau potable. Le
thiaméthoxam est hyper soluble dans l'eau (jusqu'à 5gr/litre d'eau).
Semé à 100 000 grains/hectare, le potentiel de contamination d'un
ha de maïs Cruiser correspond donc à la contamination potentielle d'un
demi milliard de litres d'eau (500 000 000 litres!!) à 0,126 microgrammes/litres. Une partie de ce thiaméthoxam arrivera inéluctablement à votre robinet. Une partie aussi, c'est l'objectif, se diffusera dans la sève de la plante, et cette fois ce sont nos petites abeilles et tous les insectes pollinisateurs qui resteront sur le champ.
Et quel impact d'un tel poison sur les vers de terre et toute la flore
microbienne du sol ?
Les _firmes chimiques connaissent l'extrême toxicité de la molécule ainsi que sa rémanence : «une utilisation seulement tous les 3 ans», «pas de plante attractive pour les abeilles dans la rotation des cultures» (et le maïs ? ) , «installer des déflecteurs sur les semoirs pour que les poussières ne s'envolent pas», «remplissez le semoir à plus de 10m du bord du champ», «semer par vent faible», «portez des équipements qui protègent les yeux, la bouche et le nez, notamment un masque, des gants, une combinaison à capuche.».

Serait-ce «les graines de la mort» pour exiger de l'agriculteur tant de précautions ?

Vous pouvez consulter toutes les précautions d'emplois à l'intention de
l'agriculteur. A vous donner froid dans le dos. (1)

Veulent-ils exterminer les apiculteurs, ces témoins gênants ?
Les abeilles disparaissent en quantité depuis une dizaine d'années, ce qui
correspond à l'arrivée des néonicotinoïdes dont le fameux Gaucho que tout le monde croit interdit, mais sa molécule «l'imidaclopride» est de plus en plus présente dans les sols français. Elle est toujours utilisée pour les céréales, pour la betterave à sucre, pour des fruitiers. sous une vingtaine de marques commerciales, liste que vous pouvez trouver sur le site du Ministère de l'agriculture (2).

Elle est présente partout, une étude en 2002 2003 relevait que 60 à 70% des pollens de végétation spontanée contenaient de l'imidaclopride à des doses suffisantes pour constituer une toxicité chronique.

La plupart des apiculteurs sont convaincus de ces faits, mais ce n'est pas facile pour eux de le prouver : les abeilles ne revenant pas à la ruche, il est difficile de les faire analyser. On assiste de plus en plus à une dépopulation des ruches tout au long de la saison, avec beaucoup de problèmes de fertilité (beaucoup de ruches bourdonneuses.). Et que sait-on aujourd'hui des effets synergiques de plusieurs molécules? On retrouve un tel cocktail dans la nature, même dans l'eau de pluie. Voir étude 1999-2002(3).

Une récente étude en Italie a prouvé l'extrême toxicité des exsudats de maïs traités aux néonicotinoïdes, de l'ordre de 1000 fois la dose fatale à l'abeille (4).

La plupart des apiculteurs sont écourés du refrain de l'AFSSA «les mortalités d'abeilles sont dues à des causes multifactorielles». L'apiculteur était-il plus compétent autrefois? Il y a moins de 20 ans, des «papis» produisaient du miel en se contentant de soulever le toit de la ruche 2 fois par an, une fois pour poser la hausse, une fois pour l'enlever. Leur principal souci était d'avoir des ruches vides pour installer les essaims naturels qui se présentaient. Aujourd'hui malgré les élevages de reines et les nombreux essaims que nous faisons sans
cesse, nous avons en permanence des palettes de ruches vides. L'évolution est dramatique depuis quelques années. D'ailleurs les chiffres officiels l'annoncent : moins 15 000 apiculteurs amateurs au niveau national entre 1994 et 2004 (source audit GEM), et depuis le déclin s'est accéléré.

Les maladies, parasites ou champignons divers existaient avant, ils ne sont pas la cause première de nos soucis mais plutôt la conséquence de l'affaiblissement par les pesticides. Méfiez-vous de la désinformation perpétuelle pratiquée par le lobby agrochimique dans les médias, sur internet avec ses liens sponsorisés. Quand vous tapez «abeilles environnement» vous avez www.jacheres-apicoles.fr financé par BASF et les grands semenciers, vous y trouverez tout sur les menaces pesant sur l'abeille mais bien sûr un dédouanement des pesticides (5).

Nous avons face à nous la puissance de l'industrie chimique. Des «journalistes agricoles» tel Gil Rivière-Wekstein leurs sont totalement dévoués (6)...
Ils réussissent même à établir une «collaboration» avec des collègues apiculteurs tel Philippe Lecompte, apiculteur, bio de surcroît.

Doit-on encore considérer ceux-ci comme «apiculteurs» ou d'abord comme «consultants» pour ces firmes chimiques?

L'UIPP «l'Union des Industries de la Protection des Plantes» (7), organisme de propagande des pesticides siège à l'AFSSA. Ainsi l'on comprend mieux pourquoi l'AFSSA peine tant à accuser les pesticides. Sa présence est-elle compatible avec un fonctionnement indépendant ? (8)

Hier, je suis resté très perplexe à la lecture de la dernière fiche «Avertissements agricoles» sur l'utilisation du Cruiser, émise par le SRPV (Service Régional de la Protection des Végétaux). Juste les précautions d'emploi minimums concernant l'aspect technique. Absolument rien sur la forte toxicité du produit, même pas pour l'agriculteur. Aucune consigne pour demander de restreindre ce traitement des plus polluant aux parcelles à risques avérées.

Récemment en Bretagne (et ailleurs sans doute) une grosse propagande a eu lieu, pour inciter les agriculteurs à commander des semences traitées Cruiser, propagande par l'industrie chimique et très bien relayée par certains revendeurs. Ils parviennent à convaincre nombre d'agriculteurs de jouer la sécurité, on met de la semence traitée même ou il y a très peu de risques de taupins, pour ça il y a même des promotions.

Pourtant un technicien agricole expérimenté, libre et indépendant, vous dira que de nombreux agriculteurs conventionnels ne connaissent pas de dégâts sérieux dus aux taupins. Il vous dira que les risques déclenchants sont bien connus : dégradation des matières organiques en anaérobie, PH insuffisant, déséquilibre des sols. Il est aussi évident, que ces agriculteurs savent depuis longtemps incorporer les matières organiques au sol, bien avant le semis.

Soyons tous bien conscients que ce n'est pas ces 1 à 2% de parcelles à risques qui sont visées par Syngenta, mais bien toutes les surfaces de maïs. Dans leurs documents publicitaires, avec des arguments partisans et mensongers, ils promettent des rendements meilleurs dans toutes les situations, la lutte contre le taupin n'est qu'un prétexte et une porte d'entrée pour convaincre les agriculteurs d'acheter leur poison.

Le matraquage systématique par la diffusion de «bulletins d'alertes taupins» auprès de techniciens agricoles et dans les journaux agricoles a préparé le terrain depuis quelques années. Ils avaient annoncé un pullulement de taupins suite à l'interdiction de certains produits jugés trop toxiques.

Comme ce ne fût pas le cas, il fallait aux firmes chimiques maintenir la pression, communiquer tous azimuts sur les parcelles touchées, sinon l'absence de traitements (et de taupins) aurait pu habituer l'agriculteur à se passer de ces produits que les firmes veulent rendre indispensables.

Les agriculteurs italiens aussi, ont du faire face à ces stratégies commerciales, offrant certains hybrides quasi exclusivement en semence traitée avec insecticides, ils contraignent les agriculteurs à acheter, bon gré mal gré, de la semence traitée.

Mais en Italie, suite à des hécatombes d'abeilles, toutes les semences traitées insecticides sont aujourd'hui interdites (Gaucho,Cruiser). Auparavant, une expérience pluriannuelle, 2003 - 2006, menée sur un échantillon représentatif des conditions du maïs dans la plaine Padane, avait montré que le traitement avec des insecticides (Gaucho, Cruiser, Poncho, Régent) n'avait pas d'incidence de manière significative sur les rendements et la production du maïs (Université de Padoux).

L'expérimentation avait mis en évidence que les rendements de maïs obtenus à partir de semences traitées avec fongicides seuls tendent à être supérieurs à ceux obtenus avec des semences traitées avec insecticides, alors qu'il n'y avait aucune différence de production significative entre le maïs provenant de semences traitées avec insecticides et les non traitées.

Cette étude contredit tout ce qui est annoncé par Syngenta. En outre les
semences sans insecticides ont tendance à germer plus rapidement.

Malgré l'expérience italienne, il va falloir à notre tour, qu'on subisse ces hécatombes d'abeilles, qu'on accepte une pollution des sols, de l'eau, de l'air. Tout ça pour les seuls intérêts de Syngenta.

Nos responsables agricoles ne peuvent pas ignorer ces études. L'on peut donc s'interroger sur le rôle joué par la puissante FNSEA dans cette désinformation. Ses dirigeants roulent-ils exclusivement pour les firmes chimiques et les grands semenciers, ou alors que font-ils pour défendre, un tant soit peu, les vrais intérêts des agriculteurs ?

Cette année, le produit miracle est chez nous, il s'appelle «Cruiser», et la lutte contre le taupin - ou plus souvent son fantôme - va battre son plein. Ici en Bretagne, nous avons, pour notre plus grand malheur, un des leaders du hard discount en pesticides. Ses pratiques commerciales, dont le seul objectif est de faire du chiffre, sont en totale opposition avec les belles déclarations de son site Internet (9). Commercialisant des variétés de semences de maïs bon marché, la Cooperl (coopérative des producteurs de porcs de Lamballe) réussit l'exploit de
proposer des semences Cruiser quasiment aux tarifs pratiqués par d'autres
coopératives pour des semences non traitées. De ce fait beaucoup d'agriculteurs cèdent aux arguments fallacieux du commercial. Et c'est ainsi plusieurs milliers d'ha de maïs Cruiser que la Cooperl va ensemencer pour cette saison aux quatre coins de la Bretagne.

Sur nos 4 départements le maïs couvrira plus de 400 000 ha. Si l'on se doit de féliciter les revendeurs courageux et responsables qui ont refusé les semences Cruiser, il est légitime aussi de monter du doigt les irresponsables qui par une propagande mensongère atteindront peut-être les 50%... Imaginez la quantité de ce poison de thiaméthoxam balancé dans la nature, et qui fatalement nous reviendra à la figure. par l'air, par l'eau, par notre alimentation.

Quels en seront les dégâts pour nos abeilles déjà trop malmenées ?

Qui peut dire quelle part de ce thiaméthoxam aboutira dans nos rivières ?

Quel est l'avis du consommateur et du contribuable ?

Qu'en pense le conseiller régional quand il doit trouver des millions d'euros pour le programme «Bretagne eau pure», ou lorsqu'il vote d'importants crédits pour une agriculture plus respectueuse de l'environnement ?

Tout ceci se fait en usant de formules injustes et malhonnêtes.

«L'agriculture durable et raisonnée» dit une publicité Cruiser expédiée aux agriculteurs (1). Alors que c'est tout l'inverse du raisonné, puisque l'on pellicule le grain d'insecticide et de fongicide sans savoir s'il y aura attaque d'insectes ou champignon éventuel. C'est le summum du traitement systématique et déraisonné.

L'abeille est le témoin malheureux de ces pratiques inconscientes. Quel éleveur, quelle que soit la production, survivrait économiquement et psychologiquement à des pertes régulières de son cheptel de l'ordre de 30, 40, et parfois au-delà de 50% ? Des collègues sont désespérés, va-t-il falloir des drames humains, des drames familiaux pour que l'administration française arrête de nous traiter avec mépris. Dans tout rapport officiel sur l'apiculture, une soi-disante incompétence des apiculteurs prend plus de place que les conséquences de l'usage des pesticides. Quand j'ai démarré, il y a 25 ans, quasiment sans formation et sans expérience, la taille de mon cheptel progressait sans difficulté. Aujourd'hui, malgré les techniques que j'ai acquises, les moyens plus importants dont je dispose, je me sens aussi désarmé que le débutant. En cette fin mars, lors de mes premières visites ce printemps, la situation est toujours aussi préoccupante.

Le récent rapport de Martial Saddier (ndlr : député de Hte Savoie et maire de Bonnevile) «pour une filière apicole durable» ne nous donne aucun espoir. La limite des investigations est fixée dans la lettre de mission du 1er Ministre M. Fillon en une phrase : «sans préjudice de la nécessaire prise en compte de la protection sanitaire des cultures».
En d'autres mots : «rassurez les apiculteurs! Occupez les! Mais interdiction au député de mettre en cause les pesticides». Ces consignes ont été respectées, vous pouvez le constater dans le rapport (10).

Face aux défis que nous devons affronter, les moyens d'actions de notre syndicat sont dérisoires. L'adversaire est puissant, mais nous avons pour nous notre bonne foi et notre conscience, et un fabuleux atout : l'opinion publique, car, de plus en plus de personnes sont victimes de ces poisons jusque dans leur chair, et ils doivent en plus payer les dépollutions. Nous avons besoin d'être épaulés, nous manquons de moyens financiers pour communiquer, pour combattre l'hypocrisie des lobbyistes de l'agrochimie.

L'urgence et l'enjeu sont de taille, ils concernent chacun d'entre nous.

Diffusez ce mail, alertez vos élus pour mettre l'agrochimie face à ses
responsabilités.

Le maïs dans nos campagnes bretonnes : une catastrophe pour la planète.
Une plante exigeante en eau, en engrais, en pesticides. donc des plus polluante. Une plante déséquilibrée pour l'alimentation de nos troupeaux,
nécessité d'équilibrer les rations alimentaire avec du soja OGM, produit à l'autre bout de la planète au détriment des forêts et des cultures vivrières, affamant encore un peu plus les populations démunies (11)

Diffusez ce mail, alertez vos élus car le cruiser :
- constitue une grave menace supplémentaire pour nos abeilles
- constitue une grave menace pour l'eau, de nos rivières jusqu'à notre table

José Nadan

Apiculteur professionnel depuis 1984, Président du SAPB
Jose.nadan@wanadoo.fr

(1) www.syngenta-agro.fr/synweb/produit_fiche_1694_1_CRUISER.aspx
(2) e-phy.agriculture.gouv.fr/
(3) « Produits phytosanitaires dans les eaux de pluie de la Région Nord-Pas-e-Calais »,1999 - 2002 l'étude ne semble plus téléchargeable (résultats peut être trop inquiétants ?). Nous pouvons vous la transmettre si vous désirez (cf. adresse mail de José Nadan en fin de courrier)
(4) www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=3634
www.mieliditalia.it/n_rugiada.htm visionner aussi la petite vidéo
(5) www.jacheres-apicoles.fr
(6) www.affaire-gaucho-regent.com
(7) www.uipp.org
(8) www.fabrice-nicolino.com
(9) www.cooperl-hunaudaye.fr
(10) www.developpement-durable.gouv.fr/article.php3?id_article=3776
(11) Voir le film «Herbe»: www.herbe-lefilm.com (à voir : Le Titanic Apicole - La Terreur Pesticide )

samedi 14 mars 2009

Les vins du millésime 2008 manquent de rondeur


Voilà une affirmation à même de susciter bien des interrogations...
C'est pourtant un des très nombreux exemples d'arguments employés par les divers laboratoires vendant du conseil et des produits chimiques aux vignerons. L'image ci-contre servira d'exemple.

La pharmacopée accessible d'un simple clic est impressionnante par sa diversité (plus de 300 "solutions" servant à "corriger les défauts", à "maquiller le vin", ou à cacher la misère, c'est selon), mais elle l'est aussi par la grande latitude laissée par une règlementation très permissive en matière de vinification, car tout ceci est parfaitement légal (je fais donc ici une impasse volontaire sur les produits synthétiques employés à la vigne, dont on sait que la France est le 2ème pays le plus dépendant au monde après les États-Unis, avec 78000 tonnes/an pour l'agriculture française en général, dont un bon cinquième pour la seule viticulture...).
Lise et Bertrand Jousset, jeunes talents de l'appellation ligérienne de Montlouis sur Loire, reçoivent régulièrement ce type de messages...
On peut aisément penser qu'en des périodes comme celle que nous vivons, riche en tensions économiques et autres rapports de force avec les banquiers, la tentation est grande "d'assurer le coup" en ayant recours à la poudre de perlimpinpin en vente sur ce site.
Bactéries pour activer les fermentations malolactiques, lysozymes (puissant allergène) pour les bloquer, levures pour les fermentations alcooliques, tanins, solutions contre les goûts de moisi (!) et les bactéries indésirables (la fameuse brettanomyces cerevisiae qui faisait la typicité des vins de Chinon il y a encore quelques dizaines d'années qui est aujourd'hui considérée comme un défaut du vin), enzymes et acides tartrique et ascorbique pour amplifier le fruité et la fraîcheur du vin, protéines (bentonite), gélatine de bovidés et albumine de poisson pour le clarifier, anhydride sulfureux (puissant corrosif des muqueuses internes) pour le stabiliser, le conserver, le préserver de l'oxydation, acide métatartrique pour empêcher les précipitations de tartre en bouteille (signe qu'un vin continue de "vivre" en bouteille, faut-il le rappeler?)...
Et le tout en pastilles, en granulés, en gaz, en liquide...
On se plaint de la concurrence des vins du nouveau monde, alors que localement toutes les options sont disponibles pour gommer la singularité d'un terroir! Sur le bout de la langue : uniformisation et standardisation.
Un pinot noir doit sentir le pinot noir, n'est-ce pas là une remarque pertinente qui répond à une logique implacable? Ce serait bougrement intelligent si et seulement si on ne parlait pas d'une matière vivante donc par définition toujours en mouvement.
Les populations qui ne sont pas imprégnées d'une culture viticole saisissent rarement la nuance de ce vocable galvaudé, le "terroir". Il suffit simplement de constater que les mêmes pratiques, appliquées au même cépage, sur un même millésime, donnent pourtant des résultats différents.
Alors quoi? Quels sont les paramètres qui différencient ces vins qu'il serait tellement plus facile de considérer comme des items issus d'une même "chaîne de production"?
Cette "zone d'ombre" abrite toutes les caractéristiques que nous recherchons pour expliquer le terroir, on citera dans le désordre l'âge des vignes, leur porte-greffe, la nature géologique des parcelles, leur altitude et leur exposition, les vents dominants et pourquoi pas les champs magnétiques et telluriques, le mode de conduite (taille, ébourgeonnage, type de culture, rendement..), les choix de vinification et d'élevage (liste non exhaustive). La réalité nous fait constater que l'endroit où poussent les vignes est bâillonné et son influence suspectée de semer le doute dans les esprits.
C'est pourquoi il faut encourager les expériences basées sur l'observation, l'empirisme, au lieu de les considérer comme rétrogrades, car ce regard critique a permis d'établir avec précision la liste des erreurs commises par la viticulture d'aujourd'hui, expliquant bien des choses au profane.

vendredi 13 mars 2009

Morituri te salutant


Est-il possible que le vivant organique tel que nous le connaissons encore disparaisse purement et simplement de la surface de la planète?
La question est d'envergure, et les problématiques liées sont fort complexes. Ce n'est pas un débat, c'est une prise de contrôle massive et totale sur la nature qui s'organise en sous-main.
De puissantes multinationales, non contentes de voir qu'une majorité des consommateurs voit les premiers résistants aux OGM au mieux comme de doux-dingues manipulés par le lobby écologiste (!), au pire comme des activistes décérébrés dont les cousins les plus proches sont des terroristes aveuglés par leurs considérations religieuses, ont pourtant de longue date entamé et parachevé la deuxième phase de leur plan.
Après les OGM de première génération, qui globalement se résumaient à soit produire leur propre pesticide soit à résister à un épandage massif de désherbant, on voit désormais poindre à l'horizon une seconde génération qui fait froid dans le dos et fait passer ses sinistres prédécesseurs pour de vagues amateurs en matière de crime contre l'humanité.
Le contrôle de l'alimentation des masses populaires (entendez par alimentation tout ce qui est supposé nourrir, englobant de facto la nourriture, mais aussi la culture, l'information, les sentiments, les valeurs humaines), est un vieux fantasme qui alimente depuis des millénaires l'imaginaire du despote.
En premier lieu, il convient d'endormir les populations serviles à grands renforts de communications propagandistes vantant les mérites du bonheur ultrapersonnel (vous avez dit société de consommation?).
Une infiltration adroite des milieux décideurs permet ensuite de réguler les règlementations vernaculaires, de contrôler les organes des états depuis leur source.
Dès lors, il devient possible de camper les bases qui permettront d'asservir les masses, et de diaboliser tous les types de libertés en brandissant l'étendard moiré de à la croissance économique et en leur collant sur le dos la chasuble fatiguée du vieux réac à deux balles. La privatisation du vivant intéresse ces entreprises, et elles ont d'ailleurs déployé des efforts considérables rien que pour rendre leur gestion et leurs capacités de rayonnement complètement opaques. Au point même de ne plus craindre l'ire des institutions, fussent-elles internationales. L'article de Bastamag vers lequel je vous envoie vous donnera sans doute à réfléchir...
Et ces quelques lignes vous rappelleront sans doute, pêle mêle :
Les groupes de la grande distribution qui disséminent dans nos campagnes leurs versions très "personnelles" du commerces de proximité, sont régulièrement montrées du doigt lorsqu'on parle de droit du travail bafoué, d'ententes commerciales déloyales, de pressions sur des fournisseurs contractuellement asservis,
Les groupes pétro-chimico-cosméto-pharmato-industriels en général, qui non content d'avoir épuisé les ressources des pays du sud au nom de l'effort colonial (qui est encore assez crédule pour penser que les colons n'existent plus qu'en Palestine?), et sont désormais en train de retirer toute chance à ces pays de bénéficier d'une quelconque autonomie alimentaire, de la plus petite souveraineté économique, en pillant même jusqu'à leur patrimoine génétique,
Parmi ces derniers Total qui licencie malgré des profits historiques, au mépris du contexte économique, et avec l'appui du gouvernement (je ne vous parle pas des suites du naufrage de l'Erika...),

Une chose m'apparaît chaque jour plus sûre :
il n'y a plus d'humain chez ces gens-là, c'est comme un gigantesque maillage où les responsabilités sont diluées à doses homéopathiques, où chacun est un shadok au sens le plus strict du terme, ayant depuis longtemps arrêté de réfléchir aux conséquences de ses actes sur son environnement, sur les autres.
Ressortis des archives, les témoignages d'ex-nazis sont par ailleurs assez éclairants. Une partie de la conscience humaine est anesthésiée par la fonction, le grade. Réduit à son expression la plus dégradée, l'être humain pris par la fièvre idéologique est capable de tout, ce qui englobe bien sûr le pire.
Dès lors, peut-on accepter que certains considérent la croissance économique comme un nouveau totem, et le concurrent un nouvel ennemi?
S'agit-il d'une maladie?
Si oui, serons-nous contaminés nous aussi?
Et nos enfants, hein?
Nos enfants.