Un fragment d'étoffe, déposé par le vent sur un buisson, voilà ce qui me reste de toi, ma glorieuse idylle.
Maintenant vidée de ta substance, tu n'as plus de secret pour moi.
Dans le bleu nacré de tes iris j'ai vu l'immensité des possibles, comme à travers les hublots d'un engin spatial.
Et je me suis perdu en vertiges, pour finir naufragé, enfoui jusqu'à mi-corps dans les sables amers d'un delta tropical.
Comment fuir le vide béant qui suit tes dernières gouttes?
Comment supporter que l'essentiel s'absente sans sommation?
Deux secondes auparavant tes cheveux d'or fin caressaient mon épaule. Soudainement disparue, tu auras laissé ton velours sur ma peau, je le sens qui me quitte déjà comme s'il séchait sous la chaleur du soleil.
De sous tes dessous, j'ai deviné ton envie de faire jaillir en éclats cristallins ton habit rouge au grand jour. Drapée dans un nuage d'effluves outremer, tu as conquis peu à peu tout l'espace autour de moi, au point d'être la seule à réellement exister. Ma langue s'est évanouie sur un édredon de satin juteux, abandonnée au simple plaisir de gagner en substance à mesure que je te buvais.
J'étais le prisme en pleine lumière, le galet de rivière épousant les méandres, une voile qui ploie sous le vent bondissant et convoque la mer pour un duel.
T'écrire était futile, traverseras-tu de nouveau mon paysage?
Aurai-je l'audace de te chercher de nouveau quitte à me perdre encore?
Ai-je seulement mérité ton seul souvenir?
Bouteille vide, corps sans âme, esprit sans idéal, la torture marche dans les pas du délice. Je me dépêche de les rattraper.
Il y a 6 ans
Le compte rendu de cette 32ème édition est (enfin) en ligne :
RépondreSupprimerhttp://www.oenotheque.net/article-vdv-32-compte-rendu-66740096.html
Merci beaucoup pour cette très belle contribution !
Hub’